315 Vues
Enregistrer

Pornographie et érotisme : quelle différence ?

Publié le 17/10/2019 (m.à.j* le 26/02/2021)
5 commentaires

Pornographie et érotisme sont parfois distingués de manière arbitraire.

 

La pornographie


La pornographie, que l’on pourrait définir comme la représentation d’actes sexuels sur un support matériel ou immatériel (écrit, dessin, photographie, film, spectacle), est souvent opposé à l’érotisme, c’est-à-dire ce qui traite, de manière générale, du plaisir et du désir sexuel.

Un lieu commun fait de la pornographie un traitement violent et brutal de la sexualité. La pornographie serait avant tout une industrie du sexe, destinée à répondre aux différents marchés du désir sexuel. Comme industrie, elle chosifierait l’acte sexuel comme une marchandise pour l’exploiter. Elle menace de développer des addictions chez des mineurs surexposés

 

L’érotisme


L’érotisme, lui, serait un rapport noble au désir sexuel. Il serait du côté de l’art, de la création et de la recherche de la beauté, et pas de l’industrie.

 

Pornographie et érotisme


Au reste, la manière de représenter la sexualité par la pornographie est souvent opposée à celle de l’érotisme. Tandis que la première favoriserait la pure exhibition de l’acte sexuel, et le mettrait sans vergogne en lumière, au risque de fatiguer le désir, la seconde préférerait la suggestion, la dissimulation, non pas montrer la jouissance, mais promettre la jouissance. L’érotisme chercherait à faire travailler l’imaginaire de celui qui regarde. 

L’histoire du mot pornographie le lie dans l’Antiquité à la représentation de la prostitution, et depuis le XVIIIe siècle (voir le Dictionnaire historique de la langue française) à l’obscénité, c’est à dire ce qui blesse la pudeur, ce qui est indécent voire dégoûtant, ce qui ne doit pas être montré sur scène. Le concept de pornographie garde une teinte de transgression. On montre ce que l’on cache instinctivement. L’érotisme, du grec erotikos, « qui concerne l’amour », a progressivement évolué de l’amour au plaisir sexuel, mais n’a pas cette teinte transgressive. 

Si l’on peut considérer que le lien établi entre pornographie et subversion peut parfois avoir quelque chose d’un lieu commun aujourd’hui, la pornographie reste néanmoins liée, en filigrane, au tabou de la représentation de ce qui est obscène, à ce qui ne doit pas être montré. En France d’ailleurs, la représentation dans un film de scènes de sexes de nature, par leur accumulation, à troubler la sensibilité des mineurs, peut justifier l’émission par la Commission de classification des œuvres cinématographiques d’un visa comportant l’interdiction de représentation aux mineurs de moins de dix-huit ans. 

Ainsi, dans un de ses développements récents, le mot pornographie est venu à désigner, sous le nom foodporn (de l’anglais food, nourriture, et porn, abréviation de porno) la manière de représenter la nourriture de façon à ce qu’elle suscite le désir, l’appétit de ce qui lui regarde, le gras et le sucre tenant presque le rôle d’ingrédients obscènes.