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Thorez : « il faut savoir terminer une grève »

Publié le 05/12/2019 (m.à.j* le 17/10/2022)
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Maurice Thorez (1900 – 1964), secrétaire général du Parti communiste français (PCF) prononce cette phrase, « il faut savoir terminer une grève »,  au gymnase Jean Jaurès, devant des militants, à Paris, le 11 juin 1936, dans le contexte des grèves de mai-juin 1936 sous le gouvernement de Front populaire (qui avait remporté les élections les 26 avril et 3 mai 1936), une coalition des communistes, socialistes et radicaux  :

Il faut savoir terminer une grève dès que satisfaction a été obtenue. Il faut même savoir consentir au compromis si toutes les revendications n’ont pas encore été acceptées, mais si l’on a obtenu la victoire sur les plus essentielles et les plus importantes des revendications.

Cité par Jean Vigreux dans Le Front populaire: « Que sais-je ? »

 

Il faut savoir terminer une grève : après les acquis du Front populaire

En effet, des grèves avaient éclaté dès le 11 mai au Havre (usine de Bréguet), puis le 13 chez Latécoère à Toulouse pour protester contre le licenciement d’ouvriers grévistes, puis s’étaient répandues dans diverses industries, jusqu’à atteindre une ampleur considérable (2 millions de grévistes). Geste symbolique, les ouvriers occupent leurs lieux de travail. Après un reflux, elles repartent début juin.

Le gouvernement de Front populaire est investi le 4 juin, et le 6 juin, la Chambre des députés vote la confiance au président du Conseil, le socialiste Léon Blum (1872 – 1950), qui ouvre le dimanche 7 juin à 15 heures des négociations entre les représentants du patronat et la Confédération générale du travail (CGT). Elles aboutissent la même journée aux accords de Matignon, connus le 8, qui permettent des avancées sociales :

  • hausse des salaires de 7 à 15% ; 
  • nomination de délégués du personnel dans les entreprises de plus de dix salariés ; 
  • affirmation des contrats collectifs de travail.

Les députés votent le 11 juin l’institution des congés payés (quinze jours) et le 12 la semaine de quarante heures.

Cependant, ces nouvelles dispositions n’entrainent pas la fin des grèves. Au contraire, des travailleurs de certains secteurs décident de suivre le mouvement, comme ceux des grands magasins, des industries chimiques, du textile ou du bâtiment. Le PCF, qui fait partie de la majorité, et la CGT, battent le rappel. Le « Grand Soir » de la Révolution n’est pas arrivé. La situation se calme fin juin, mais de nouvelles grèves se déroulent fin juin-début juillet, dans certains secteurs fortement syndiqués (porcelaine et chaussure à Limoges par exemple).

Voir ici l’origine de la citation « Gouverner, c’est mécontenter. »

 

À lire

  • Jean-Jacques Becker, La France en crise, La France de 1914 à 1940
  • Antoine Prost, Les grèves de mai-juin 1936 revisitées, Le Mouvement Social 2002/3 (n° 200)
  • Prost, Les grèves de 1936, Histoire des mouvements sociaux en France
  • Pierre Guillaume et Sylvie Guillaume, Chapitre 2 – Les échecs du réformisme (1918-1945),Réformes et réformisme dans la France contemporaine
  • Jean Vigreux, Un mouvement de grève sans précédent, Le Front populaire