222 Vues
Enregistrer

Aller à vau-l’eau : définition · exemples · origine de l’expression 🌊

Publié le 09/02/2020 (m.à.j* le 17/05/2024)
0 commentaire

Définition

S’en aller à vau-l’eau signifie : se dégrader, péricliter, aller à sa perte. On emploie aussi cette expression avec le verbe « partir ».

Origine de « s’en aller à vau-l’eau »

Le terme vau est un dérivé de « val », la vallée (qu’on retrouve par exemple dans « Val de Loire », ou dans le département du « Val-de-Marne »), qui peut devenir « vaux » au pluriel (« Vaux-le-Vicomte » ou « les Vaux de Cernay » par exemple, ou l’expression « par monts et par vaux »). Toutefois, on emploie plus souvent le pluriel « vals » aujourd’hui. « Aller aval l’eau », c’est aller vers l’aval d’un cours d’eau, le suivre qui descend dans la vallée, vers son embouchure. Le « l » est tombé (vélarisé) pour un « u » devant la deuxième consonne pour donner « vau-l’eau ». Cette expression assimile le mouvement d’un fleuve de l’amont vers l’aval à une lente dégradation, jusqu’à la perte dans l’Océan.

Huysmans (1848 – 1907) a écrit une nouvelle nommée À vau-l’eau (1882). 

Vous devez cliquez ici pour lire l’article : « quelle différence entre en amont et en aval ?

Exemples d’emplois

Dans ce service, tout part à vau-l’eau, on ne trouve plus personne pour mettre fin au désordre.

Ses Agents tels que la plûpart des nôtres,
En abusoient. Il perdit un vaisseau,
Et vid aller le commerce à vau-l’eau,
Trompé des uns, mal servi par les autres.

La Fontaine, Belphégor

L’œil distingue, au milieu du gouffre où l’air sanglote,
Quelque chose d’informe et de hideux qui flotte,
Un grand cachalot mort à carcasse de fer,
On ne sait quel cadavre à vau-l’eau dans la mer ;
Œuf de titan dont l’homme aurait fait un navire.

Hugo, La Légende des siècles, Pleine mer

Ô lieu presque aussitôt regretté que quitté,
Château, château magique où mon âme s’est faite,
Frais séjour où se vint apaiser la tempête
De ma raison allant à vau-l’eau dans mon sang,
Château, château qui luis tout rouge et dors tout blanc,
Comme un bon fruit de qui le goût est sur mes lèvres
Et désaltère encor l’arrière-soif des fièvres,

Verlaine, Amour

Car le récit qu’on lui fait a le don de l’énerver : si maintenant les particuliers se mettent à enlever les gens, c’est bien la fin du métier de bandit et le signe que le monde part à vau-l’eau ! Un métier, ça se respecte…

Ouest-france.fr

À lire

  • Bernard Cerquiglini, Petites Chroniques du français comme on l’aime
  • Julien Soulie, Bayer aux corneilles …