Imam, molla et oulémas sont des termes qui désignent des statuts de religieux dans l’islam.
Imam : qu’est-ce que c’est ?
L’imam, de l’arabe imâm (إمام), « guide », « personne devant être imitée », est un titre qui a plusieurs sens dans l’islam. L’imam désigne, en général, le directeur de la prière. L’imam se tient, à la mosquée, devant le mihrab, une niche creusée dans le mur de la qibla (celui qui situé en direction de La Mecque, ville sainte pour les musulmans). L’imam désigne, en outre, celui qui a la charge de faire le sermon du vendredi (khutba) à la mosquée, du haut d’une chaire, le minbar.
La fonction d’imam est, en théorie, ouverte à tous les hommes instruits en religion mais elle est confiée, dans les faits, à ceux dont les conséquences sont sanctionnées par une institution, c’est-à-dire ceux diplômés dans l’étude des différentes matières afférentes à l’islam (théologie, droit, etc.). Son rôle et sa connaissance en font un guide, mais pas un homme saint : il ne se distingue pas de l’homme ordinaire par son lien avec Dieu.
Cette fonction n’est ouverte aux femmes qu’au sein des courants, très minoritaires, de l’islam libéral.
Au sein de l’islam chiite, courant minoritaire, le titre d’imam est réservé à une lignée de descendants du prophète Muhammad pour qui ils revendiquent la légitimité à diriger la communauté musulmane (oumma). Cette lignée naît avec Ali, le cousin et gendre de Muhammad, ses deux fils, Hasan et Husayn, et des descendants de ce dernier. Ces imams sont, pour les chiites, des personnages vénérés, inspirés et infaillibles, les meilleures incarnations des martyrs pour la foi (ils ont tous eu des morts violentes), et ont une double légitimité à gouverner la communauté des croyants, politique et spirituelle. Leurs mausolées font l’objet de pèlerinage, comme celui d’Ali à Najaf, en Irak. Cependant, les différents courants du chiisme ne s’accordent pas sur le nombre de ces imams : les duodécimains, majoritaires en Iran, en reconnaissent douze, le dernier, dit en « occultation » (caché), devant revenir à l’heure du jugement dernier ; les ismâ’îlites, ne reconnaissent que les sept premiers ; les zaydites ne reconnaissent que les cinq premiers.
Les sunnites, le courant majoritaire de l’islam, refusent cette doctrine. Cependant, en Iran, celui qui dirige la prière du vendredi à Téhéran est l’imam du vendredi (امام جمعه).
Au sein de la civilisation islamique, le titre a pu, enfin, être accordé comme qualificatif élogieux à de grands lettrés.
Molla : qu’est-ce que c’est ?
Molla, de l’arabe mowla (مَوْلى, terme polysémique signifiant, entre autres, seigneur, maître, gardien, etc.) est un titre par lequel sont nommés usuellement, dans le monde indo-iranien et dans certains pays de culture turque, les hommes instruits en théologie ou les clercs, à qui revient d’enseigner la religion, de prêcher, d’interpréter la loi islamique (ijtihad) et de présider aux différents offices. Ce sont notamment les religieux musulmans qui ont la charge des mosquées. Le titre d’akhound (آخوند), similaire, est aussi courant.
En dehors de cette aire culturelle, on parle d’imam (pour le directeur de la prière) ou d’oulémas (pour désigner l’ensemble des autorités liées à la religion).
En République islamique d’Iran, les mollas forment un corps hiérarchisé qui dispose d’une partie du pouvoir temporel : ce pays est, depuis la Révolution de 1979, une théocratie. À sa tête se trouve un religieux, l’ayatollah Ali Khamenei (né en 1939). Dans l’islam iranien, le chiisme duodécimain, le titre d’ayatollah, littéralement « signe de Dieu », est porté par les religieux les plus influents, et notamment ceux experts dans l’interprétation de la loi islamique.
Oulémas : qu’est-ce que c’est ?
Le terme oulémas, de l’arabe olama (علماء, pluriel de alim, « savant », de ilm, « science », « savoir »), désigne les savants en religion et, plus spécifiquement, en dehors de l’aire d’influence indo-iranienne, dans le monde sunnite occidental notamment (Afrique du Nord, Proche-Orient, Péninsule arabique), l’ensemble des autorités religieuses en islam, c’est-à-dire l’ensemble des hommes chargés de régir la vie sociale des croyants, ce qui comprend des fonctions hétérogènes, de l’imam de village au plus influent exégète, en passant par le juge islamique (cadi) ou le lecteur dans une école coranique (madrasa).
Ce n’est pas un corps organisé dans une seule structure hiérarchisé, comme peut l’être le clergé de l’Église catholique, mais une constellation de spécialistes des différentes matières afférentes à la religion et qui ont pu, au cours de l’histoire, s’arroger plus ou moins d’influence. Celle-ci est d’ailleurs en partie fondée sur un verset du Coran :
Vous qui croyez, obéissez à Dieu, obéissez à l’Envoyé et aux responsables d’entre vous.
Traduction de Berque, IV, 59
Cependant, l’Empire ottoman qui, au cours de la majeure partie de son histoire, a dominé le monde sunnite occidental, a, sous son autorité, organisé une partie du corps des oulémas en clergé hiérarchisé, celui des muftis (jurisconsultes), chargés d’émettre des avis juridiques (fatwa), sous l’autorité du shaykh al-islâm, le grand mufti d’Istanbul. Ce sytème disparaît avec l’Empire ottoman au début du XXe siècle.
Le terme peut notamment désigner aujourd’hui l’élite religieuse d’un pays.
À lire
- Juan E. Campo, Encyclopedia of Islam
- Sabrina Mervin, Histoire de l’islam
- Philippe Sénac, Le Monde musulman
- Janine et Dominique Sourdel, Dictionnaire historique de l’islam
- Encyclopedia Islamica
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