En hébreu, Satan n’est pas un être particulier. Ce n’est pas non plus un être démoniaque et rival de Dieu. C’est un nom commun qui signifie : l’adversaire, celui qui obstrue.
Le grec, lui, parle de Satan ou de diábolos, issu du verbe diabállô, « celui qui divise » ou « qui désunit » ou encore « qui détruit », par la médisance ou la calomnie. C’est bien sûr le terme qui a donné le diable en français.
C’est l’origine du terme arabe Iblîs, par lequel l’islam désigne parfois Satan. Le Coran parle aussi de Shaytan.
Le terme de Lucifer, ne désigne jamais Satan de manière explicite dans la Bible. Ce terme, qui signifie en latin « porteur de lumières », à même été appliqué à Jésus.
1. Satan dans l’Ancien Testament : l’adversaire
L’Ancien Testament ne donne pas une définition unique ni une doctrine élaborée de ce qu’est Satan. La figure de Satan évolue au fil du développement de la pensée religieuse juive et chrétienne. Au départ un simple nom commun, il ne devient que petit à petit un être distinct.
Dès la Genèse, une créature de ce monde joue le rôle du tentateur : le serpent. Il vient mettre la liberté d’Adam à l’épreuve. Ce serpent, l’Ancien Testament l’identifie implicitement au diable. Sagesse 2, 24 :
C’est par l’envie du diable que la mort est entrée dans le monde : ils en font l’expérience, ceux qui lui appartiennent !
Il faut attendre l’Apocalypse pour que l’identification explicite du serpent au diable soit complète.
Satan l’adversaire
Ce nom est attribué aux adversaires humains oppresseurs des juifs dans plusieurs passages de la Bible.
Dans II Samuel 19, 23, Satan est un adversaire humain de David :
Mais David dit: « Qu’ai-je à faire avec vous, fils de Ceruya, pour que vous deveniez aujourd’hui mes adversaires? Quelqu’un pourrait-il aujourd’hui être mis à mort en Israël? N’ai-je pas l’assurance qu’aujourd’hui je suis roi sur Israël? »
Yahvé suscite des adversaires humains à Salomon. I Rois 11, 14 :
Yahvé suscita un adversaire à Salomon: l’Edomite Hadad, de la race royale d’Edom
Ou le libère de ce Satan, I Rois 5, 18 :
Maintenant, Yahvé mon Dieu m’a donné la tranquillité alentour : je n’ai ni adversaire ni contrariété du sort.
Yahvé suscite aux Juifs l’adversité par l’envoyé du roi Antiochus dans I Macchabées 1, 36 :
Ce fut une embuscade pour le lieu saint, un adversaire maléfique en tout temps pour Israël.
Dans le Livre des Nombres, le nom de l’ange qui vient obstruer le prophète Balaam peut être lu en hébreu comme « Satan », au sens où il obstrue. Mais la lecture hébraïque n’est pas assurée. Nombres 22, 32 :
Et l’Ange de Yahvé lui dit: « Pourquoi as-tu battu ainsi ton ânesse par trois fois? C’est moi qui étais venu te barrer le passage; car moi présent, la route n’aboutit pas. »
« Le Satan », accusateur
« Le Satan », comme désignation d’un ange particulier, apparaît vers 520 av. J.-C, d’abord dans Zacharie puis dans le livre de Job.
Dans Zacharie, le Satan a le rôle de procureur dans la cour divine. Dans Job, Satan suggère à Dieu de mettre à l’épreuve la foi et l’intégrité de Job. Satan est alors un membre de la suite céleste de Dieu, un de ses serviteurs soumis, qui « rôde » et « flâne » sur la terre.
Zacharie 3, 1-3 :
Il me fit voir Josué, le grand prêtre, qui se tenait devant l’ange de Yahvé, tandis que le Satan était debout à sa droite pour l’accuser.
L’ange de Yahvé dit au Satan: « Que Yahvé te réprime, Satan; que Yahvé te réprime, lui qui a fait choix de Jérusalem. Celui-ci n’est-il pas un tison tiré du feu ? «
Or Josué était vêtu d’habits sales lorsqu’il se tenait devant l’ange.
Job 1, 1-12 :
Il y avait jadis, au pays de Uç, un homme appelé Job : un homme intègre et droit qui craignait Dieu et se gardait du mal.
Sept fils et trois filles lui étaient nés.
Il possédait aussi 7.000 brebis, 3.000 chameaux, 500 paires de boeufs et 500 ânesses, avec de très nombreux serviteurs. Cet homme était le plus fortuné de tous les fils de l’Orient.
Ses fils avaient coutume d’aller festoyer chez l’un d’entre eux, à tour de rôle, et d’envoyer chercher leurs trois soeurs pour manger et boire avec eux.
Or, une fois terminé le cycle de ces festins, Job les faisait venir pour les purifier et, le lendemain, à l’aube, il offrait un holocauste pour chacun d’eux. Car il se disait: « Peut-être mes fils ont-ils péché et maudit Dieu dans leur coeur! » Ainsi faisait Job, chaque fois.
Le jour où les Fils de Dieu venaient se présenter devant Yahvé, le Satan aussi s’avançait parmi eux.
Yahvé dit alors au Satan: « D’où viens-tu » — « De rôder sur la terre, répondit-il, et d’y flâner. »
Et Yahvé reprit: « As-tu remarqué mon serviteur Job ? Il n’a point son pareil sur la terre: un homme intègre et droit, qui craint Dieu et se garde du mal ! «
Et le Satan de répliquer: « Est-ce pour rien que Job craint Dieu?
Ne l’as-tu pas entouré d’une haie, ainsi que sa maison et son domaine alentour ? Tu as béni toutes ses entreprises, ses troupeaux pullulent dans le pays.
Mais étends la main et touche à ses biens ; je te jure qu’il te maudira en face »
« Soit! dit Yahvé au Satan, tous ses biens sont en ton pouvoir. Évite seulement de porter la main sur lui. » Et le Satan sortit de l’audience de Yahvé.
Job 2, 1-10 :
Un autre jour où les Fils de Dieu venaient se présenter devant Yahvé, le Satan aussi s’avançait parmi eux.
Yahvé dit alors au Satan: « D’où viens-tu » — « De rôder sur la terre, répondit-il, et d’y flâner. »
Et Yahvé reprit: « As-tu remarqué mon serviteur Job? Il n’a point son pareil sur la terre: un homme intègre et droit, qui craint Dieu et se garde du mal! Il persévère dans son intégrité et c’est en vain que tu m’as excité contre lui pour le perdre. »
Et le Satan de répliquer: « Peau après peau. Tout ce que l’homme possède, il l’abandonne pour sauver sa vie ! Mais étends la main, touche à ses os et à sa chair; je te jure qu’il te maudira en face »
« Soit! dit Yahvé au Satan, dispose de lui, mais respecte pourtant sa vie. »
Et le Satan sortit de l’audience de Yahvé. Il affligea Job d’un ulcère malin, depuis la plante des pieds jusqu’au sommet de la tête.
Job prit un tesson pour se gratter et il s’installa parmi les cendres.
Alors sa femme lui dit: « Pourquoi persévérer dans ton intégrité? Maudis donc Dieu et meurs! »
Job lui répondit: « Tu parles comme une folle. Si nous accueillons le bonheur comme un don de Dieu, comment ne pas accepter de même le malheur! » En toute cette infortune, Job ne pécha point en paroles.
Le Satan n’est pas pour autant l’origine du malheur. Ecclésiastique 21, 27 :
Quand l’impie maudit le Satan, il se maudit soi-même.
Dans les Chroniques, « le Satan » devient « Satan »
Pour la première fois, dans les Chroniques, le mot « Satan » apparaît sous une forme indéfinie, sans le « le » qui le précédait.
Dans le second livre de Samuel, Yahveh demande à David de recenser le peuple d’Israël. Mais dans les Chroniques, c’est Satan qui est supposé avoir incité David à recenser Israël, ce qui aurait causé la mort de 70 000 Israélites. En remplaçant Yahvé par Satan, Dieu est déchargé de la responsabilité directe du mal. Chroniques 21, 1 – 8 :
Satan se dressa contre Israël et il incita David à dénombrer les Israélites.
David dit à Joab et aux chefs du peuple: « Allez compter Israël, de Bersabée à Dan, puis revenez m’en faire connaître le chiffre. »
Joab répondit: « Que Yahvé accroisse son peuple de cent fois autant! Monseigneur le roi, ne sont-ils pas tous les serviteurs de Monseigneur? Pourquoi Monseigneur fait-il cette enquête? Pourquoi Israël deviendrait-il coupable? »
Cependant l’ordre du roi s’imposa à Joab. Joab partit, il parcourut tout Israël, puis rentra à Jérusalem.
Joab fournit à David le chiffre obtenu pour le recensement du peuple; tout Israël comptait 1.100.000 hommes tirant l’épée, et Juda 470.000 hommes tirant l’épée.
L’ordre du roi avait tant répugné à Joab qu’il n’avait recensé ni Lévi ni Benjamin.
Dieu vit avec déplaisir cette affaire et il frappa Israël.
David dit alors à Dieu: « C’est un grand péché que j’ai commis en cette affaire ! Maintenant, veuille pardonner cette faute à ton serviteur, car j’ai commis une grande folie. »
2. Satan dans le Nouveau Testament : le tentateur
Satan a une place beaucoup plus importante dans le Nouveau Testament que dans l’Ancien. C’est l’adversaire des hommes et de Dieu. Ses efforts se concentrent sur Jésus et ses disciples pour les empêcher de réaliser en ce monde le projet de Dieu.
Qui est le diable du Nouveau Testament ?
Une parabole dans Matthieu définit le diable. Matthieu 13, 37-39 :
En réponse il leur dit: « Celui qui sème le bon grain, c’est le Fils de l’homme;
le champ, c’est le monde; le bon grain, ce sont les sujets du Royaume; l’ivraie, ce sont les sujets du Mauvais;
l’ennemi qui la sème, c’est le Diable; la moisson, c’est la fin du monde; et les moissonneurs, ce sont les anges.
L’Apocalypse assimile clairement le diable au Satan et au serpent de la Genèse qui tenta Adam. Apocalypse 12, 7 -9:
Alors, il y eut une bataille dans le ciel: Michel et ses Anges combattirent le Dragon. Et le Dragon riposta, avec ses Anges, mais ils eurent le dessous et furent chassés du ciel.
On le jeta donc, l’énorme Dragon, l’antique Serpent, le Diable ou le Satan, comme on l’appelle, le séducteur du monde entier, on le jeta sur la terre et ses Anges furent jetés avec lui.
La première épître de Pierre voit le Diable comme un lion rugissant, qui rôde en cherchant qui dévorer. I Pierre 5, 6 :
Humiliez-vous donc sous la puissante main de Dieu, pour qu’il vous élève au bon moment ; de toute votre inquiétude, déchargez-vous sur lui, car il a soin de vous.
Soyez sobres, veillez. Votre partie adverse, le Diable, comme un lion rugissant, rôde, cherchant qui dévorer.
Résistez-lui, fermes dans la foi, sachant que c’est le même genre de souffrance que la communauté des frères, répandue dans le monde, supporte.
Il règne sur l’empire des morts qu’a aboli le Christ. Hébreux 2, 14-15 :
Puis donc que les enfants avaient en commun le sang et la chair, lui aussi y participa pareillement afin de réduire à l’impuissance, par sa mort, celui qui a la puissance de la mort, c’est-à-dire le diable, et d’affranchir tous ceux qui, leur vie entière, étaient tenus en esclavage par la crainte de la mort.
Satan est condamné
Avant l’établissement définitif du règne de Dieu à la fin des temps, se sachant condamné, Satan se déchaînera. Apocalypse 12, 12 :
Soyez donc dans la joie, vous, les cieux et leurs habitants. Malheur à vous, la terre et la mer, car le Diable est descendu chez vous, frémissant de colère et sachant que ses jours sont comptés. »
Satan est un être dénoncé. Jude 9 :
Pourtant, l’archange Michel, lorsqu’il plaidait contre le diable et discutait au sujet du corps de Moïse, n’osa pas porter contre lui un jugement outrageant, mais dit: « Que le Seigneur te réprime! »
Avec tous ceux qui l’ont suivi, il sera jeté dans le feu éternel préparé pour lui. Matthieu 25, 41 :
Alors il dira encore à ceux de gauche: Allez loin de moi, maudits, dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et ses anges.
Satan piège les pécheurs dans ses filets
Qui est de Satan ? Ceux qui s’écartent de la charité et l’amour fraternel dans la première épître de Jean. I Jean 3, 9 :
Quiconque est né de Dieu ne commet pas le péché parce que sa semence demeure en lui ; il ne peut pécher, étant né de Dieu.
À ceci sont reconnaissables les enfants de Dieu et les enfants du diable : quiconque ne pratique pas la justice n’est pas de Dieu, ni celui qui n’aime pas son frère.
Dans l’épître aux Éphésiens, Paul associe le diable au péché. Éphésiens 4, 26-27 :
Emportez-vous, mais ne commettez pas le péché: que le soleil ne se couche pas sur votre colère ; il ne faut pas donner prise au diable.
Éphésiens 6, 11-13 :
Revêtez l’armure de Dieu, pour pouvoir résister aux manœuvres du diable.
Car ce n’est pas contre des adversaires de sang et de chair que nous avons à lutter, mais contre les Principautés, contre les Puissances, contre les Régisseurs de ce monde de ténèbres, contre les esprits du mal qui habitent les espaces célestes.
I Thimothée 3, 2 – 7 :
Aussi faut-il que l’épiscope soit irréprochable, mari d’une seule femme, qu’il soit sobre, pondéré, courtois, hospitalier, apte à l’enseignement, ni buveur ni batailleur, mais bienveillant, ennemi des chicanes, détaché de l’argent, sachant bien gouverner sa propre maison et tenir ses enfants dans la soumission d’une manière parfaitement digne.
Car celui qui ne sait pas gouverner sa propre maison, comment pourrait-il prendre soin de l’Eglise de Dieu?
Que ce ne soit pas un converti de fraîche date, de peur que, l’orgueil lui tournant la tête, il ne vienne à encourir la même condamnation que le diable.
Il faut en outre que ceux du dehors rendent de lui un bon témoignage, de peur qu’il ne tombe dans l’opprobre et dans les filets du diable
II Thimothée 2, 24-26 :
Or, le serviteur du Seigneur ne doit pas être querelleur, mais accueillant à tous, capable d’instruire, patient dans l’épreuve; c’est avec douceur qu’il doit reprendre les opposants, en songeant que Dieu, peut-être, leur donnera de se convertir, de connaître la vérité et de revenir à la raison, une fois dégagés des filets du diable, qui les retient captifs, asservis à sa volonté.
Jacques 4, 4 :
Adultères, ne savez-vous pas que l’amitié pour le monde est inimitié contre Dieu? Qui veut donc être ami du monde, se rend ennemi de Dieu.
Penseriez-vous que l’Ecriture dise en vain: Il désire avec jalousie, l’esprit qu’il a mis en nous?
Il donne d’ailleurs une plus grande grâce suivant la parole de l’Ecriture: Dieu résiste aux orgueilleux, mais il donne sa grâce aux humbles.
Soumettez-vous donc à Dieu; résistez au diable et il fuira loin de vous.
La grande tactique de Satan : la tentation
Le diable apparaît en personne à Jésus à l’orée de sa vie publique pour le tenter, dans le désert, et le faire dévier de sa mission.
Marc en parle en mots très sobres. Marc 1, 12-13 :
Et aussitôt, l’Esprit le pousse au désert.
Et il était dans le désert durant 40 jours, tenté par Satan. Et il était avec les bêtes sauvages et les anges le servaient.
Matthieu développe l’épisode de la Tentation. Jésus rejette trois propositions successives de Satan. D’une fidélité absolue, il est présenté comme le véritable Israël. C’est là que l’on trouve une première occurrence du fameux « Retire-toi, Satan ! » (plus connu en latin, « Vade retro satanas »). Matthieu 4, 2-11 :
Il jeûna durant 40 jours et 40 nuits, après quoi il eut faim.
Et, s’approchant, le tentateur lui dit: « Si tu es Fils de Dieu, dis que ces pierres deviennent des pains. »
Mais il répondit: « Il est écrit: Ce n’est pas de pain seul que vivra l’homme, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. »
Alors le diable le prend avec lui dans la Ville Sainte, et il le plaça sur le pinacle du Temple et lui dit: « Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi des ordres à ses anges, et sur leurs mains ils te porteront, de peur que tu ne heurtes du pied quelque pierre. »
Jésus lui dit: « Il est encore écrit : Tu ne tenteras pas le Seigneur, ton Dieu. »
De nouveau le diable le prend avec lui sur une très haute montagne, lui montre tous les royaumes du monde avec leur gloire et lui dit: « Tout cela, je te le donnerai, si, te prosternant, tu me rends hommage. »
Alors Jésus lui dit: « Retire-toi, Satan! Car il est écrit: C’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras, et à Lui seul tu rendras un culte. »
Alors le diable le quitte. Et voici que des anges s’approchèrent, et ils le servaient.
Le même épisode est décrit par Luc 4, 1-13 :
Jésus, rempli d’Esprit Saint, revint du Jourdain et il était mené par l’Esprit à travers le désert durant 40 jours, tenté par le diable. Il ne mangea rien en ces jours-là et, quand ils furent écoulés, il eut faim.
Le diable lui dit: « Si tu es Fils de Dieu, dis à cette pierre qu’elle devienne du pain. »
Et Jésus lui répondit: « Il est écrit: Ce n’est pas de pain seul que vivra l’homme. »
L’emmenant plus haut, le diable lui montra en un instant tous les royaumes de l’univers et lui dit: « Je te donnerai tout ce pouvoir et la gloire de ces royaumes, car elle m’a été livrée, et je la donne à qui je veux. Toi donc, si tu te prosternes devant moi, elle t’appartiendra tout entière. »
Et Jésus lui dit: « Il est écrit: Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et à lui seul tu rendras un culte. »
Puis il le mena à Jérusalem, le plaça sur le pinacle du Temple et lui dit: « Si tu es Fils de Dieu, jette-toi d’ici en bas ; car il est écrit: Il donnera pour toi des ordres à ses anges, afin qu’ils te gardent. Et encore: Sur leurs mains, ils te porteront, de peur que tu ne heurtes du pied quelque pierre. »
Mais Jésus lui répondit: « Il est dit : Tu ne tenteras pas le Seigneur, ton Dieu. »
Ayant ainsi épuisé toute tentation, le diable s’éloigna de lui jusqu’au moment favorable
Paul, dans sa première épître aux Corinthiens, reprend le thème de Satan-tentateur et met en garde ses ouailles. I Corinthiens 7, 4-5 :
La femme ne dispose pas de son corps, mais le mari. Pareillement, le mari ne dispose pas de son corps, mais la femme.
Ne vous refusez pas l’un à l’autre, si ce n’est d’un commun accord, pour un temps, afin de vaquer à la prière ; et de nouveau soyez ensemble, de peur que Satan ne profite, pour vous tenter, de votre incontinence
Satan agit avec les hommes comme le moissonneur avec les blés : il les crible pour tester leur foi. Luc 22, 31 -32 :
« Simon, Simon, voici que Satan vous a réclamés pour vous cribler comme froment ;
mais moi j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. Toi donc, quand tu seras revenu, affermis tes frères. »
Satan, père du mensonge
Satan corrompt l’entendement des disciples. Ils ne peuvent entendre la vérité de Jésus parce que Satan a instillé le mensonge en eux. Cette vision de Satan corrupteur se retrouve dans l’islam. Jean 8, 42-45 :
Jésus leur dit: « Si Dieu était votre Père, vous m’aimeriez, car c’est de Dieu que je suis sorti et que je viens; je ne viens pas de moi-même; mais lui m’a envoyé.
Pourquoi ne reconnaissez-vous pas mon langage? C’est que vous ne pouvez pas entendre ma parole.
Vous êtes du diable, votre père, et ce sont les désirs de votre père que vous voulez accomplir. Il était homicide dès le commencement et n’était pas établi dans la vérité, parce qu’il n’y a pas de vérité en lui: quand il profère le mensonge, il parle de son propre fonds, parce qu’il est menteur et père du mensonge.
Mais parce que je dis la vérité, vous ne me croyez pas.
Cette même idée est présentée dans la parabole du Semeur, où Satan enlève la semence représentant le parole de Dieu. Marc 4, 11-15 :
Et il leur disait: « A vous le mystère du Royaume de Dieu a été donné; mais à ceux-là qui sont dehors tout arrive en paraboles,
afin qu’ils aient beau regarder et ils ne voient pas, qu’ils aient beau entendre et ils ne comprennent pas, de peur qu’ils ne se convertissent et qu’il ne leur soit pardonné. »
Et il leur dit: « Vous ne saisissez pas cette parabole? Et comment comprendrez-vous toutes les paraboles?
Le semeur, c’est la Parole qu’il sème.
Ceux qui sont au bord du chemin où la Parole est semée, sont ceux qui ne l’ont pas plus tôt entendue que Satan arrive et enlève la Parole semée en eux.
Satan veut empêcher les hommes de croire, les faire douter de Dieu. C’est le plus grand des péchés. Luc 8, 10-12 :
Il dit: « A vous il a été donné de connaître les mystères du Royaume de Dieu; mais pour les autres, c’est en paraboles, afin qu’ils voient sans voir et entendent sans comprendre.
« Voici donc ce que signifie la parabole: La semence, c’est la parole de Dieu.
Ceux qui sont au bord du chemin sont ceux qui ont entendu, puis vient le diable qui enlève la Parole de leur coeur, de peur qu’ils ne croient et soient sauvés.
Pour Paul, la venue du Christ s’accompagne de la venue de Satan, capable de tromper les hommes. Mais Paul fait en sorte d’effrayer son auditoire : Satan ne trompe que ceux qui ont pris son parti. II Théssaloniciens 2, 8 – 12 :
Alors l’Impie se révélera, et le Seigneur le fera disparaître par le souffle de sa bouche, l’anéantira par la manifestation de sa Venue.
Sa venue à lui, l’Impie, aura été marquée, par l’influence de Satan, de toute espèce d’oeuvres de puissance, de signes et de prodiges mensongers,
comme de toutes les tromperies du mal, à l’adresse de ceux qui sont voués à la perdition pour n’avoir pas accueilli l’amour de la vérité qui leur aurait valu d’être sauvés.
Voilà pourquoi Dieu leur envoie une influence qui les égare, qui les pousse à croire le mensonge,
en sorte que soient condamnés tous ceux qui auront refusé de croire la vérité et pris parti pour le mal.
Et pour le prophète de l’Apocalypse, les Juifs qui ont refusé Jésus, les incrédules, c’est la synagogue de Satan. Apocalypse 2, 9-10 :
Je connais tes épreuves et ta pauvreté – tu es riche pourtant – et les diffamations de ceux qui usurpent le titre de Juifs – une synagogue de Satan plutôt! —
Ne crains pas les souffrances qui t’attendent: voici, le Diable va jeter des vôtres en prison pour vous tenter, et vous aurez dix jours d’épreuve. Reste fidèle jusqu’à la mort, et je te donnerai la couronne de vie.
Apocalypse 3, 9 :
Voici, je forcerai ceux de la Synagogue de Satan – ils usurpent la qualité de Juifs, les menteurs –, oui, je les forcerai à venir se prosterner devant tes pieds, à reconnaître que je t’ai aimé.
Jésus libérateur du règne de Satan
Jésus est libre de la parole démoniaque. Plus que libre, il est libérateur : il rend la vie à des hommes touchés par le démon. Les anciennes croyances pouvaient avoir assimilé certaines maladies à l’oeuvre du démon, comme l’épilepsie. Jésus est ici guérisseur et exorciste. Matthieu 12, 22 :
Alors on lui présenta un démoniaque aveugle et muet ; et il le guérit, si bien que le muet pouvait parler et voir.
Luc 13, 10 -13 :
Or il enseignait dans une synagogue le jour du sabbat. Et voici qu’il y avait là une femme ayant depuis dix-huit ans un esprit qui la rendait infirme; elle était toute courbée et ne pouvait absolument pas se redresser.
La voyant, Jésus l’interpella et lui dit: « Femme, te voilà délivrée de ton infirmité » ; puis il lui imposa les mains. Et, à l’instant même, elle se redressa, et elle glorifiait Dieu.
Jésus dit explicitement que sa victoire contre les puissances du mal se manifeste directement dans les exorcismes. Ainsi, lorsque les scribes l’accusent d’être en connivence avec le démon, Jésus devient rhéteur. Comment Satan pourrait-il expulser Satan ? Au contraire, ses exorcismes témoignent de l’arrivée du Royaume de Dieu. Matthieu 12, 24-28 :
Mais les Pharisiens, entendant cela, dirent: « Celui-là n’expulse les démons que par Béelzéboul, le prince des démons. »
Connaissant leurs sentiments, il leur dit: « Tout royaume divisé contre lui-même court à la ruine; et nulle ville, nulle maison, divisée contre elle-même, ne saurait se maintenir.
Or, si Satan expulse Satan, il s’est divisé contre lui-même: dès lors, comment son royaume se maintiendra-t-il ?
Et si moi, c’est par Béelzéboul que j’expulse les démons, par qui vos adeptes les expulsent-ils ? Aussi seront-ils eux-mêmes vos juges.
Mais si c’est par l‘Esprit de Dieu que j’expulse les démons, c’est donc que le Royaume de Dieu est arrivé jusqu’à vous. »
Dans Matthieu et Luc, Jésus indique être engagé dans un combat contre Satan. Ses exorcismes, c’est Dieu qui agit à travers lui et c’est par « le doigt de Dieu » ou « l’Esprit de Dieu » qu’il est vainqueur. En combattant la puissance de ce monde, il fait venir le salut dans ce monde. Luc 11, 14-20 :
Il expulsait un démon, qui était muet. Or il advint que, le démon étant sorti, le muet parla, et les foules furent dans l’admiration.
Mais certains d’entre eux dirent: « C’est par Béelzéboul, le prince des démons, qu’il expulse les démons. »
D’autres, pour le mettre à l’épreuve, réclamaient de lui un signe venant du ciel.
Mais lui, connaissant leurs pensées, leur dit: « Tout royaume divisé contre lui-même est dévasté, et maison sur maison s’écroule. Si donc Satan s’est, lui aussi, divisé contre lui-même, comment son royaume se maintiendra-t-il… puisque vous dites que c’est par Béelzéboul que j’expulse les démons.
Mais si, moi, c’est par Béelzéboul que j’expulse les démons, vos fils, par qui les expulsent-ils? Aussi seront-ils eux-mêmes vos juges.
Mais si c’est par le doigt de Dieu que j’expulse les démons, c’est donc que le Royaume de Dieu est arrivé
Marc 3, 21-26 :
Et les siens, l’ayant appris, partirent pour se saisir de lui, car ils disaient: « Il a perdu le sens. »
Et les scribes qui étaient descendus de Jérusalem disaient: « Il est possédé de Béelzéboul », et encore: « C’est par le prince des démons qu’il expulse les démons. »
Les ayant appelés près de lui, il leur disait en paraboles: « Comment Satan peut-il expulser Satan? Si un royaume est divisé contre lui-même, ce royaume-là ne peut subsister. Et si une maison est divisée contre elle-même, cette maison-là ne pourra se maintenir.
Or, si Satan s’est dressé contre lui-même et s’est divisé, il ne peut pas tenir, il est fini.
Jésus annonce aux disciples joyeux d’avoir chassé les démons : « Je voyais Satan tomber du ciel comme l’éclair ». Jésus voit par anticipation le triomphe final sur Satan et ses anges. Luc 10, 17-19 :
Les 72 revinrent tout joyeux, disant: « Seigneur, même les démons nous sont soumis en ton nom! »
Il leur dit: « Je voyais Satan tomber du ciel comme l’éclair !
Voici que je vous ai donné le pouvoir de fouler aux pieds serpents, scorpions, et toute la puissance de l’Ennemi, et rien ne pourra vous nuire. »
Dans l’Évangile de Jean, la victoire de Jésus contre Satan, « Prince de ce monde », est assurée. Jean 12, 31 :
C’est maintenant le jugement de ce monde; maintenant le Prince de ce monde va être jeté dehors;
Le « Prince de ce monde », c’est-à-dire celui qui est à la tête du monde des incrédules, n’a aucun pouvoir sur Jésus :
Je ne m’entretiendrai plus beaucoup avec vous, car il vient, le Prince de ce monde; sur moi il n’a aucun pouvoir.
Le Fils de Dieu est explicitement apparu pour combattre le diable et détruire ses oeuvres. I Jean 3, 7-8 :
Petits enfants, que personne ne vous égare. Celui qui pratique la justice est juste comme celui-là est juste.
Celui qui commet le péché est du diable, car le diable est pécheur dès l’origine. C’est pour détruire les oeuvres du diable que le Fils de Dieu est apparu.
Plus loin encore, la victoire de Jésus contre Satan se manifeste dans la transformation profonde des coeurs de ceux qui se trouvent pardonnés à travers lui, Luc 7, 36-50 :
Un Pharisien l’invita à manger avec lui ; il entra dans la maison du Pharisien et se mit à table.
Et voici une femme, qui dans la ville était une pécheresse. Ayant appris qu’il était à table dans la maison du Pharisien, elle avait apporté un vase de parfum.
Et se plaçant par derrière, à ses pieds, tout en pleurs, elle se mit à lui arroser les pieds de ses larmes; et elle les essuyait avec ses cheveux, les couvrait de baisers, les oignait de parfum.
À cette vue, le Pharisien qui l’avait convié se dit en lui-même: « Si cet homme était prophète, il saurait qui est cette femme qui le touche, et ce qu’elle est: une pécheresse! »
Mais, prenant la parole, Jésus lui dit: « Simon, j’ai quelque chose à te dire » – « Parle, maître », répond-il.
– « Un créancier avait deux débiteurs; l’un devait 500 deniers, l’autre 50. Comme ils n’avaient pas de quoi rembourser, il fit grâce à tous deux. Lequel des deux l’en aimera le plus? »
Simon répondit: « Celui-là, je pense, auquel il a fait grâce de plus. » Il lui dit: « Tu as bien jugé. »
Et, se tournant vers la femme: « Tu vois cette femme? Dit-il à Simon. Je suis entré dans ta maison, et tu ne m’as pas versé d’eau sur les pieds ; elle, au contraire, m’a arrosé les pieds de ses larmes et les a essuyés avec ses cheveux.
Tu ne m’as pas donné de baiser ; elle, au contraire, depuis que je suis entré, n’a cessé de me couvrir les pieds de baisers.
Tu n’as pas répandu d’huile sur ma tête ; elle, au contraire, a répandu du parfum sur mes pieds.
À cause de cela, je te le dis, ses péchés, ses nombreux péchés, lui sont remis parce qu’elle a montré beaucoup d’amour. Mais celui à qui on remet peu montre peu d’amour. »
Puis il dit à la femme: « Tes péchés sont remis. »
Et ceux qui étaient à table avec lui se mirent à dire en eux-mêmes: « Qui est-il celui-là qui va jusqu’à remettre les péchés ? »
Mais il dit à la femme: « Ta foi t’a sauvée; va en paix. »
Le pouvoir libérateur de Jésus envers ceux qui sont dans le pouvoir de Satan est affirmé encore plus explicitement dans les Actes 10, 37 :
Vous savez ce qui s’est passé dans toute la Judée : Jésus de Nazareth, ses débuts en Galilée, après le baptême proclamé par Jean;
comment Dieu l’a oint de l’Esprit Saint et de puissance, lui qui a passé en faisant le bien et en guérissant tous ceux qui étaient tombés au pouvoir du diable ; car Dieu était avec lui.
Dieu par Jésus Christ délivrera donc les hommes de « l’empire de Satan » et brisera le Satan sous ses pieds. Romains 16, 20 :
Le Dieu de la paix écrasera bien vite Satan sous vos pieds. Que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ soit avec vous!
Satan, une personne ?
Mais Satan est-il pour autant une personne ? L’épisode de la Tentation n’est-il pas plutôt une symbolisation des tentations successives que Jésus a dû affronter en ce monde ?
Ainsi, lorsque que Pierre morigène à l’annonce par Jésus de sa mort à venir, Jésus le repousse par un « Passe derrière moi, Satan » ou « Retire-toi, Satan ! ». Pierre redevient Satan comme incarnation de l’ « adversaire » du projet de Jésus. Il tient du démon, sans être un être démoniaque. Pierre agit en tentateur, car ses pensées « ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes! ».
Un homme peut donc être Satan par son attitude et son peu de foi.
L’épisode est évoqué par Matthieu 16, 21-25 :
À dater de ce jour, Jésus commença de montrer à ses disciples qu’il lui fallait s’en aller à Jérusalem, y souffrir beaucoup de la part des anciens, des grands prêtres et des scribes, être tué et, le troisième jour, ressusciter.
Pierre, le tirant à lui, se mit à le morigéner en disant: « Dieu t’en préserve, Seigneur! Non, cela ne t’arrivera point! » Mais lui, se retournant, dit à Pierre: « Passe derrière moi, Satan! tu me fais obstacle, car tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes! »
Alors Jésus dit à ses disciples: « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive.
Qui veut en effet sauver sa vie la perdra, mais qui perdra sa vie à cause de moi la trouvera.
Et par Marc 8, 31-33 :
Et il commença de leur enseigner: « Le Fils de l’homme doit beaucoup souffrir, être rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, être tué et, après trois jours, ressusciter;
et c’est ouvertement qu’il disait ces choses. Pierre, le tirant à lui, se mit à le morigéner.
Mais lui, se retournant et voyant ses disciples, admonesta Pierre et dit: « Passe derrière moi, Satan! car tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes! »
L’Évangile de Jean ne parle pas des exorcismes de Jésus. Mais il évoque l’oeuvre de Satan lors d’un épisode capital, quand il entre dans Judas qui le livrera aux Juifs. Jean 13, 1- 2 :
Avant la fête de la Pâque, Jésus, sachant que son heure était venue de passer de ce monde vers le Père, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’à la fin.
Au cours d’un repas, alors que déjà le diable avait mis au coeur de Judas Iscariote, fils de Simon, le dessein de le livrer […]
Jean 13, 21-27 :
Ayant dit cela, Jésus fut troublé en son esprit et il attesta: « En vérité, en vérité, je vous le dis, l’un de vous me livrera. »
Les disciples se regardaient les uns les autres, ne sachant de qui il parlait.
Un de ses disciples, celui que Jésus aimait, se trouvait à table tout contre Jésus.
Simon-Pierre lui fait signe et lui dit: « Demande quel est celui dont il parle. »
Celui-ci, se penchant alors vers la poitrine de Jésus, lui dit: « Seigneur, qui est-ce? »
Jésus répond: « C’est celui à qui je donnerai la bouchée que je vais tremper. » Trempant alors la bouchée, il la prend et la donne à Judas, fils de Simon Iscariote.
Après la bouchée, alors Satan entra en lui. Jésus lui dit donc: « Ce que tu fais, fais-le vite. »
Luc 22, 1 – 5 :
La fête des Azymes, appelée la Pâque, approchait.
Et les grands prêtres et les scribes cherchaient comment le tuer, car ils avaient peur du peuple.
Or Satan entra dans Judas, appelé Iscariote, qui était du nombre des Douze.
Il s’en alla conférer avec les grands prêtres et les chefs des gardes sur le moyen de le leur livrer.
Ils se réjouirent et convinrent de lui donner de l’argent
Judas est carrément qualifié de démon. Jean 6, 70 :
Jésus leur répondit: « N’est-ce pas moi qui vous ai choisis, vous, les Douze ? Et l’un d’entre vous est un démon. »
Satan magicien
C’est de Satan que tient ses pouvoirs le magicien Bar-Jésus. Actes 13, 6 – 12 :
Ayant traversé toute l’île jusqu’à Paphos, ils trouvèrent là un magicien, faux prophète juif, nommé Bar-Jésus, qui était de l’entourage du proconsul Sergius Paulus, homme avisé. Ce dernier fit appeler Barnabé et Saul, désireux d’entendre la parole de Dieu.
Mais Elymas le magicien – ainsi se traduit son nom – leur faisait opposition, cherchant à détourner le proconsul de la foi.
Alors Saul – appelé aussi Paul –, rempli de l’Esprit Saint, le fixa du regard et lui dit: « Être rempli de toutes les astuces et de toutes les scélératesses, fils du diable, ennemi de toute justice, ne cesseras-tu donc pas de rendre tortueuses les voies du Seigneur qui sont droites?
Voici à présent que la main du Seigneur est sur toi. Tu vas devenir aveugle, et pour un temps tu ne verras plus le soleil. » A l’instant même, obscurité et ténèbres s’abattirent sur lui, et il tournait de tous côtés, cherchant quelqu’un pour le conduire.
Alors, voyant ce qui s’était passé, le proconsul embrassa la foi, vivement frappé par la doctrine du Seigneur.
Satan est le démon qui inspire Ananie
Ananie et Saphire, un couple voulant rejoindre l’Église, a détourné une partie de l’argent obtenu grâce à la vente de leur maison, au lieu de mettre l’ensemble de leurs avoirs en commun. Cette manifestation d’avarice aurait été instillée par Satan, qui a « rempli le coeur » d’Ananie. Pierre, lorsqu’il s’est aperçut de la supercherie, les frappa de mort immédiate.
Cet épisode a été longtemps servi à présenter un contre-modèle aux ceux qui s’engageaient dans la vie monastique.
Actes 4, 36-37 / Actes 5, 1-6 :
Joseph, surnommé par les apôtres Barnabé (ce qui veut dire fils d’encouragement), lévite originaire de Chypre, possédait un champ; il le vendit, apporta l’argent et le déposa aux pieds des apôtres.
Un certain Ananie, d’accord avec Saphire sa femme, vendit une propriété ; il détourna une partie du prix, de connivence avec sa femme, et apportant le reste, il le déposa aux pieds des apôtres.
« Ananie, lui dit alors Pierre, pourquoi Satan a-t-il rempli ton coeur, que tu mentes à l’Esprit Saint et détournes une partie du prix du champ?
Quand tu avais ton bien, n’étais-tu pas libre de le garder, et quand tu l’as vendu, ne pouvais-tu disposer du prix à ton gré? Comment donc cette décision a-t-elle pu naître dans ton coeur? Ce n’est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu. »
En entendant ces paroles, Ananie tomba et expira. Une grande crainte s’empara alors de tous ceux qui l’apprirent.
Les jeunes gens vinrent envelopper le corps et l’emportèrent pour l’enterrer.
Satan s’attaque à Paul
Satan est présent sur le parcours de Paul dès le chemin de Damas. Cette présence prélude la multiplicité des références à Satan chez l’apôtre. Actes 26, 12 :
« C’est ainsi que je me rendis à Damas avec pleins pouvoirs et mission des grands prêtres.
En chemin, vers midi, je vis, ô roi, venant du ciel et plus éclatante que le soleil, une lumière qui resplendit autour de moi et de ceux qui m’accompagnaient.
Tous nous tombâmes à terre, et j’entendis une voix qui me disait en langue hébraïque: Saoul, Saoul, pourquoi me persécutes-tu? Il est dur pour toi de regimber contre l’aiguillon.
Je répondis: Qui es-tu, Seigneur? Le Seigneur dit: Je suis Jésus, que tu persécutes.
Mais relève-toi et tiens-toi debout. Car voici pourquoi je te suis apparu : pour t’établir serviteur et témoin de la vision dans laquelle tu viens de me voir et de celles où je me montrerai encore à toi.
C’est pour cela que je te délivrerai du peuple et des nations païennes, vers lesquelles je t’envoie, moi, pour leur ouvrir les yeux, afin qu’elles reviennent des ténèbres à la lumière et de l’empire de Satan à Dieu, et qu’elles obtiennent, par la foi en moi, la rémission de leurs péchés et une part d’héritage avec les sanctifiés.
II Corinthiens 12, 6 :
Oh ! si je voulais me glorifier, je ne serais pas insensé; je dirais la vérité. Mais je m’abstiens, de peur qu’on ne se fasse de moi une idée supérieure à ce qu’on voit en moi ou ce qu’on m’entend dire.
Et pour que l’excellence même de ces révélations ne m’enorgueillisse pas, il m’a été mis une écharde en la chair, un ange de Satan chargé de me souffleter – pour que je ne m’enorgueillisse pas !
Il l’empêche de se rendre à Thessalonique. I Thessaloniciens 2, 17 :
Et nous, frères, privés de votre compagnie pour un moment, de visage mais non de coeur, nous nous sommes sentis extrêmement pressés de revoir votre visage, tant notre désir était vif.
Nous avons donc voulu venir jusqu’à vous – moi-même, Paul, à plusieurs reprises –, mais Satan nous en a empêchés.
Paul livre les pécheurs à Satan
Paul livre les pécheurs à Satan. Autrement dit, il les excommunie, il les livre aux démons. I Corinthiens 5, 1 :
On n’entend parler que d’inconduite parmi vous, et d’une inconduite telle qu’il n’en existe pas même chez les païens; c’est à ce point que l’un de vous vit avec la femme de son père!
Et vous êtes gonflés d’orgueil! Et vous n’avez pas plutôt pris le deuil, pour qu’on enlevât du milieu de vous celui qui a commis cet acte!
Eh bien! moi, absent de corps, mais présent d’esprit, j’ai déjà jugé, comme si j’étais présent, celui qui a perpétré une telle action.
Il faut qu’au nom du Seigneur Jésus, vous et mon esprit nous étant assemblés avec la puissance de notre Seigneur Jésus, nous livrions cet individu à Satan pour la perte de sa chair, afin que l’esprit soit sauvé au Jour du Seigneur.
Ainsi, Paul a livré Hyménée et Alexandre pour leur apprendre à ne plus blasphémer. I Thimothées 1, 18 – 20 :
Tel est l’avertissement que je t’adresse, Timothée, mon enfant, en accord avec les prophéties jadis prononcées sur toi, afin que, pénétré de celles-ci, tu combattes le bon combat, possédant foi et bonne conscience; pour s’en être affranchis, certains ont fait naufrage dans la foi ; entre autres, Hyménée et Alexandre, que j’ai livrés à Satan pour leur apprendre à ne plus blasphémer.
Mais il sait rassurer sa communauté. II Corinthiens 2, 5 :
Que si quelqu’un a causé de la tristesse, ce n’est pas à moi qu’il en a causé; c’est, dans une certaine mesure (n’exagérons rien), à vous tous.
C’est assez pour cet homme-là du châtiment infligé par la majorité, en sorte qu’il vaut mieux au contraire lui pardonner et l’encourager, de peur que cet homme-là ne vienne à sombrer dans une tristesse excessive.
C’est pourquoi je vous exhorte à faire prévaloir envers lui la charité.
Aussi bien, en écrivant, je ne me proposais que de vous mettre à l’épreuve et de voir si vous êtes en tous points obéissants.
Mais à qui vous pardonnez, je pardonne aussi; car, si j’ai pardonné – pour autant que j’ai eu à pardonner – c’est à cause de vous, en présence du Christ.
Il ne s’agit pas d’être dupes de Satan, car nous n’ignorons pas ses desseins.
Les profondeurs de Satan
Ici, l’auteur de l’Apocalypse, Jean de Patmos, accuse des théologies concurrentes. Le science abstruse, leur façon complexe d’écrire, ce sont les profondeurs de Satan. Apocalypse 2, 24 :
Quant à vous autres, à Thyatire, qui ne partagez pas cette doctrine, vous qui n’avez pas connu « les profondeurs de Satan », comme ils disent, je vous déclare que je ne vous impose pas d’autre fardeau ;
3. Satan et le christianisme : la peur du diable
L’Église a toujours maintenu l’idée d’un adversaire du dessein de Dieu. Mais quelle est sa nature ?
En 1215, au concile de Latran par hostilité aux cathares, l’Église rappelle que les anges sont des créatures créées par Dieu. Les anges, avec toutes les autres créatures, ne sont pas créées mauvaises. Le mal est l’oeuvre du libre arbitre.
Puis, le silence de l’Église frappe. Il faut attendre l’encyclique Humani generis en 1950 pour apprendre que le diable est une créature personnelle. Mais qu’est-ce qu’une créature personnelle ?
Satan dans l’Histoire
Selon Robert Muchembled, c’est au Moyen-Âge que le diable commence à envahir la société. On l’imagine en diablotins plutôt amusants. Ce sont en fait des forces héritées du paganisme, négatives ou positives, auxquelles ont peut s’adresser. On lui donne plusieurs surnoms : Old Horny (Vieux Cornu) ou Robin des bois en Angleterre, Charlot ou Verdelet en France.
C’est un diable qui ne fait pas peur :
On trouve dans la littérature des images où ils sont parfois ridiculisés : un Satan battu par sa femme et empêtré dans sa queue qu’il est obligé de nouer autour de sa tête pour descendre aux enfers. Ou encore cette histoire où des villageois font monter dans un arbre le diable de la mort : il y reste collé et ne peut plus redescendre, et à partir de ce moment, pour le village, la vie est belle !
C’est l’Église qui, à partir du XIIème siècle, essaie d’unifier la figure du diable en le présentant comme un être inquiétant. En témoigne les fresques de l’église de San Gimignano (1396) qui présentent un gigantesque prince des ténèbres.
La sorcière et le sabbat
À partir du milieu du XVème apparaît la figure de la sorcière qui prend son balai pour participer au sabbat. Le rapport de deux dominicains revenus de Rhénanie, là où les sorcières sont supposées être les plus nombreuses, alimente ces fantasmes. C’est le fameux Marteau des sorcières. Les accusées sont dénudées, rasées et piquées pour que l’on découvre la « marque diabolique », lieu du corps qui est supposé ne pas saigner.
Mais le démon est sous la tutelle de Dieu. Il tente les humains qui doivent savoir lui résister.
Le système ecclésiastique invente en fait l’inverse de l’Église : une secte dévouée au Diable avec le sabbat comme messe.
La vague des bûchers qui suit est très localisée : c’est surtout dans l’espace germanique du Saint-Empire qu’ils ont lieu (22 000 sur 30 000 cas recensés). En France, on ne recense que 200 cas. Louis XIV prend un édit en 1682 pour les supprimer. L’Angleterre n’a pas connu ce phénomène. En Espagne et en Italie, l’Inquisition considérait les supposées sorcières comme de mauvaises chrétiennes. Elle s’appliquait alors, plutôt que de les brûler, à leur refaire reprendre le droit chemin.
4. Lucifer et Satan : quelle différence ?
La Septante, la traduction grecque de la Bible, parle de Phôsphoros, où phôs = lumière et phereïn = porter (que l’on retrouve en français dans phosphore). C’est le nom donné à la planète Vénus, considérée comme l’étoile du matin.
Cette divinité existe aussi chez les Romains. Mais il y a peu de légende autour de Lucifer, souvent représenté portant un torche. Plus important, la Vulgate, la traduction latine, parle de Lucifer, du latin lux = lumière, et ferre=porter. Et c’est Jésus qui porte ce nom dans la deuxième épître de Pierre. II Pierre 1, 19 :
Ainsi nous tenons plus ferme la parole prophétique: vous faites bien de la regarder, comme une lampe qui brille dans un lieu obscur, jusqu’à ce que le jour commence à poindre et que l’astre du matin se lève dans vos coeurs.
Et habemus firmiorem propheticum sermonem: cui benefacitis attendentes quasi lucernae lucenti in caliginoso donec dies elucescat, et lucifer oriatur in cordibus vestris
La Vulgate parlait déjà du roi de Babylone, oppresseur des Juifs, en ce terme. Elle traduit ici l’hébreu hêlel. Isaïe 14, 12
Comment es-tu tombé du ciel, étoile du matin, fils de l’aurore? As-tu été jeté à terre, vainqueur des nations?
quomodo cecidisti de caelo lucifer qui mane oriebaris corruisti in terram qui vulnerabas gentes
La Bible du roi Jacques traduit aussi le mot par Lucifer.
On retrouve la même idée chez Paul. Satan peut si bien tromper les hommes qu’il peut se déguiser en ange de lumières. II Corinthiens 11, 14-15 :
Et rien d’étonnant: Satan lui-même se déguise bien en ange de lumière.
Rien donc de surprenant si ses ministres aussi se déguisent en ministres de justice. Mais leur fin sera conforme à leurs oeuvres.
Selon Odon Vallet, les pères de l’Église commencent à nommer Satan Lucifer. Ce même symbole lumineux, attaché et à Dieu et à Satan serait un héritage, confus, du dualisme de la religion iranienne. Dans cette influente croyance, Ahriman, le dieu des ténèbres, est opposé à Ohrmazd (Ahura Mazda). Le rite du feu pascal ne serait-il pas inspiré de la flamme permanente des temples zoroastriens (le zoroastrisme, la religion iranienne) ?
Lucifer de Cagliari (mort en 370/371)
Preuve de cet étrange mélange, l’évêque de Cagliari, Lucifer, s’est illustré comme un défenseur très dur de la foi au Synode de Milan (355). Il s’opposait ainsi aux mesures de conciliations envers les hérétiques aryens et à envers ceux qui avaient abandonnés leur foi pour rejoindre l’Église catholique.
Exilé par Constance pour son intransigeance, il écrivit de nombreux pamphlets contre l’empereur, jusqu’à créer une secte « luciférienne » ou provoquer un schisme « luciférien », dénoncé par Jérôme.
5. Satan dans l’islam et le Coran : « Shaytan » ou Iblis
Le Coran traduit le nom de Satan par al-Shaytan ou par Iblis, un nom dérivé du grec diabolos.
Iblîs a refusé de se prosterner devant Dieu
Dans la sourate XV (Al-Hijr), Dieu créé Adam et demande ensuite aux anges de se prosterner devant lui. Mais Iblîs, un de ces anges, refuse de se prosterner devant un mortel créé de glaise. Dieu le banni et le maudit jusqu’au jour du jugement. Mais sa peine est différée, à condition qu’il égare les hommes infidèles. Coran, XV, 26 – 42 :
Nous avons créé l’homme d’une glaise limoneuse.
Auparavant, Nous avons créé les djinns d’un feu ardent.
C’est alors que ton Seigneur annonça aux anges : Je vais créer un être humain de glaise limoneuse.
Et lorsque Je l’aurai formé et lui aurai insufflé de Mon esprit, prosternez-vous devant lui en signe d’adoration.
Et tous les anges se prosternèrent d’un seul mouvement.
À l’exception d’Iblis, qui refusa d’être parmi ceux qui se prosternaient.
Pourquoi, Lui dit-Il, ô Iblis, ne veux-tu pas te prosterner avec ceux qui se prosternent ?
Je ne puis me prosterner devant un mortel que Tu as créé de glaise !
Dieu lui dit : Sors donc d’ici, te voilà désormais un être banni !
Tu seras maudit jusqu’au jour du jugement.
Ô Seigneur, dit Iblis, accorde-moi un délai jusqu’au moment où ils seront ressuscités.
Tu seras parmi ceux qui attendent, lui dit-Il.
Jusqu’au Jour de l’instant connu.
Iblis dit : Seigneur, en raison de l’état déplorable où Tu m’as mis, je chercherai à les induire en erreur en embellissant leur vie terrestre au point de les égarer tous.
À l’exception notable de Tes serviteurs les plus sincères.
Tel est, déclara Dieu, le chemin qui mène vers Moi.
Tu n’auras aucun pouvoir sur Mes serviteurs, hormis l’égaré qui te suivra.
On retrouve ce même récit dans la sourate VII, « le murailles » (al-A’raf). Là, Satan accomplit la mission que Dieu lui a confié. Il pousse Adam à désobéir à son maître. C’est l’origine de la chute d’Adam et de sa femme du Paradis. Coran, VII, 11 – 25 :
Nous vous avons créés, puis Nous vous avons formés, puis Nous avons dit aux anges : Prosternez-vous devant Adam ! Et ils se sont prosternés, à l’exception d’Iblis, qui ne fut pas de ceux qui se prosternèrent.
[Dieu] lui dit : Qu’est-ce qui t’a empêché de te prosterner alors que Je te l’ai ordonné ? Il dit : Je suis meilleur qu’Adam ; Tu m’as créé de feu alors que Tu l’as créé d’argile.
[Dieu] lui dit alors : Descends de là, tu n’auras pas à t’y montrer orgueilleux. Sors donc, te voilà parmi les rabaissés.
Il répondit : Laisse-moi voir le jour où ils seront ressuscités !
[Dieu] dit : Soit, tu peux attendre.
[Iblis] dit : Puisque Tu m’as désorienté, je vais rester à les guetter sur Ton droit chemin.
Après quoi, je les harcèlerai de toute part, par-devant, par-derrière, sur le côté droit puis sur le côté gauche. Peu d’entre eux Te manifesteront de la gratitude.
[Dieu] dit : Sors d’ici en réprouvé, et banni. Que ceux qui te suivent parmi eux… Nous remplirons la géhenne de toute votre espèce.
Ô Adam, habite ce paradis avec ton épouse et mangez de tout ce que vous désirez, mais n’approchez pas cet arbre, car vous seriez parmi les injustes.
Mais le démon leur susurra de mauvaises pensées en mettant en évidence leur nudité qui avait été masquée : Si votre Seigneur vous recommande de ne pas toucher à cet arbre, c’est uniquement pour vous empêcher d’être des anges, et de devenir des immortels.
Il jura devant eux : Je suis pour vous d’un excellent conseil.
Il les induisit en erreur ! Et lorsqu’ils eurent goûté à l’arbre et que leur nudité leur apparut, ils se mirent à se couvrir au moyen de feuilles venues du paradis. Leur Seigneur les interpella : Ne vous avais-je pas mis en garde contre cet arbre ? Ne vous avais-je pas dit que Satan était pour vous un ennemi déclaré ?
Ils dirent : Ô notre Seigneur, nous nous fîmes un grand tort, car, si Tu ne nous pardonnes pas en nous manifestant Ta miséricorde, nous serons parmi les perdants.
Dieu dit : Descendez [sur terre], vous serez des ennemis les uns pour les autres et la terre sera pour vous un séjour et un lieu de réjouissance pour un certain temps.
Dieu continua : Vous y trouverez la vie, et la mort, et c’est de là que vous serez expulsés.
La même idée se retrouve dans la sourate II, « la vache » (al-Baqara). Coran, II, 35-36 :
Et Nous dîmes à Adam : Séjourne avec ton épouse au paradis ; mangez librement de tout ce que vous y trouverez comme fruits, mais ne vous approchez pas de cet arbre-ci, car vous serez tous les deux du nombre des iniques.
Mais Satan les fit déchoir de leur séjour et les fit sortir du paradis. Et Nous dîmes : Descendez en ennemis les uns des autres, vous aurez sur terre un séjour et une jouissance temporaires.
Puis dans de nombreux autres passages du Coran. Coran XVII, 53-65 :
Dis à Mes serviteurs : Qu’ils prononcent de belles paroles, car Satan est prompt à s’immiscer entre eux. Satan est l’ennemi déclaré de l’homme.
Et lorsque Nous fîmes injonction aux anges : Prosternez-vous devant Adam !, ils se prosternèrent tous, excepté Iblîs, qui dit : Vais-je me prosterner devant celui que Tu as créé d’argile ?Il ajouta : Cet être auquel Tu octroies plus de considération qu’à moi-même. Si Tu me donnes un répit jusqu’au jour de la résurrection, je briderai sa descendance, à l’exception d’un petit nombre.
Va-t-en, dit Dieu, ceux qui te suivront, la géhenne sera votre rétribution, une rétribution conséquente.
Suborne de ta voix qui tu veux parmi eux ! Fonds sur eux avec tes chevaux et tes soldats, participe à leurs biens et aux enfants et donne-leur de tes promesses. Mais les promesses que Satan fait ne sont qu’une illusion.
Tu n’as aucune puissance sur Mes serviteurs, Ton Seigneur leur suffit amplement comme défenseur.
Coran XXXVIII, 71-88 :
Et lorsque ton Seigneur dit aux anges : Je vais créer un être humain à partir d’un peu d’argile.
Et lorsque Je l’aurai bien formé et soufflé en lui de Mon souffle, vous vous mettrez devant lui en vous prosternant.
Les anges se prosternèrent tous.
À l’exception d’Iblis, qui se crut supérieur et qui se révéla infidèle
Dieu dit : Ô Iblis ! Qu’est-ce qui t’a empêché de te prosterner devant celui que J’ai créé de Mes mains ? S’agit-il de ton orgueil ou te trouves-tu supérieur ?
Il dit : Je suis mieux que lui. Tu m’as créé de feu, Tu l’as créé de terre. 77 – Dieu dit : Sors donc de Mon paradis, te voilà banni.
Et Ma malédiction courra sur toi jusqu’au jour du jugement.
Ô mon Seigneur, dit Iblis, donne-moi un délai suffisant jusqu’à la résurrection.
Dieu dit : Tu auras ce délai…
…jusqu’au jour déterminé.
Iblis dit : Par ta puissance ! Je les détournerai tous,
exception faite de Tes serviteurs les plus dévoués
Dieu dit : Vérité ! Et la vérité, Je dis !
J’emplirai la géhenne de toi et de tous ceux qui te suivront.
Dis : Je ne vous demande aucun salaire [pour cet enseignement] et je ne me suis pas arrogé [abusivement] une telle mission.
Ce n’est là qu’un rappel [le Coran] adressé aux mondes.
Et vous aurez de ses nouvelles dans peu de temps.
Et enfin Coran XX, 116 – 127 :
Et lorsque Nous demandâmes aux anges de se prosterner devant Adam, ils le firent, mais Iblis s’y refusa.
Nous dîmes alors : Ô Adam, celui-ci est ton ennemi et l’ennemi de ton épouse. Prends garde à ce qu’il ne te sorte pas du paradis, vous seriez malheureux.
De façon à ne pas avoir à souffrir de la faim, une fois sorti de là, et à te trouver nu.
À ne pas, non plus, avoir soif ou brûler sous le soleil.
Mais Satan l’a induit en erreur en lui murmurant : Ô Adam, veux-tu que je te montre l’arbre de l’immortalité14 et un royaume absolu ?
Ils mangèrent donc de cet arbre. Leur nudité leur apparut. Ils se mirent à se couvrir précipitamment au moyen de feuilles du paradis. Adam a désobéi à son Seigneur. Il s’est trouvé dans l’erreur.
Mais son Seigneur le rappela à Lui, lui pardonna et le remit dans le droit chemin.
Il leur dit : Descendez tous d’ici, dressés les uns contre les autres, jusqu’au moment où une bonne direction vous parviendra de Ma part. Celui qui suivra cette direction n’aura rien à craindre et ne sera pas malheureux.
Tandis que celui qui s’éloignera de Mes avertissements aura une vie exécrable15. Il sera ramené aveugle au jour de la résurrection.
Il dira : Ô Seigneur, pourquoi me ramènes-Tu aveugle alors que je voyais [clair par le passé] ?
C’est ainsi que Nos signes te sont parvenus. Pourtant, tu les as oubliés. Aujourd’hui, c’est toi que l’on oublie.
Telle est la rétribution que Nous réservons à l’impie qui n’aura pas cru aux versets de son Seigneur, sans compter que le châtiment de la vie future est encore plus sévère et dure plus longtemps.
Iblîs est du côté des mécréants
S’il reste soumis à son Dieu, des versets placent Iblis du côté des mécréants. Coran, II, 34 :
Et c’est là que Nous dîmes aux anges de se prosterner devant Adam, ce qu’ils firent, à l’exception d’Iblis, qui refusa de le faire et s’enfla d’orgueil. Il se trouva alors du côté des mécréants.
Ô vous qui croyez, rentrez massivement dans la paix et ne suivez pas la voie de Satan, car il est un ennemi déclaré.
Satan vous prépare [un lit] de misère et vous ordonne la turpitude ; Allah, au contraire, promet de vous pardonner et de vous bénir, Il est immense et savant.
Ce n’est pas à Satan que les mécréants doivent en vouloir, mais à eux-mêmes. Coran XIV, 22 :
Satan dit, une fois le décret accompli : Allah vous a fait une promesse fondée sur la vérité ; je vous ai fait une promesse que je n’ai pas tenue. Mais je n’avais sur vous aucune autorité, sinon de vous appeler [au mal], et vous y avez répondu favorablement. Ne me tenez pas rigueur, mais tenez-vous rigueur à vous-mêmes. Désormais, je ne vous suis d’aucun secours et vous ne m’êtes d’aucun secours non plus. J’ai nié les dieux que vous m’associiez naguère. Les injustes auront, certes, un cruel châtiment.
Satan égare même les croyants
Un épisode étonnant est relaté dans la sourate XXVIII, « le récit » (al-Qaças). Moïse, trompé par sa Satan, frappe l’un des siens qui lui demande secours. Coran XXVIII, 15 :
Moïse rentra dans la ville sans que ses habitants s’en aperçoivent. Il trouva là deux personnes qui se battaient. L’un était de son obédience et l’autre était du clan ennemi. Celui qui était de son obédience lui demanda secours contre son ennemi. Moïse le frappa d’un coup de poing qui le terrassa, avant de s’écrier : Telle est l’œuvre de Satan. C’est un ennemi qui égare de manière évidente.
Les abominations du Shaytan
Ces célèbres versets de la sourate V, la table servie (al-Ma’ida), sont normatifs. Ils interdisent vin, jeux et divinations en les liant à l’oeuvre de Satan. Coran, V, 90-91
Ô vous qui croyez, sachez que le vin, les jeux de hasard, les pierres dressées et les flèches divinatoires sont une abomination et une œuvre du démon. Évitez-les. Peut-être serez-vous des bienheureux.
Satan ne veut que provoquer l’inimitié et la haine entre vous en vous encourageant à consommer le vin et à vous adonner aux jeux de hasard, ce qui vous éloigne d’autant de l’invocation d’Allah et de la prière. Allez-vous donc y mettre un terme ?
Iblîs, un mauvais ange ou un djinn
Des versets de la sourate XV (al-Hijr), font du Shaytan un mauvais ange ou un djinn. Coran XVIII, 50-51 :
Et lorsque Nous dîmes aux anges : Prosternez-vous devant Adam !, ils se prosternèrent, à l’exception d’Iblis, le mauvais ange qui s’est rebellé quant à l’ordre de son Dieu. Aussi le prendriez-vous pour tuteur en dehors de Moi, lui et toute sa progéniture, alors même qu’ils sont vos ennemis ? Triste alternative pour les injustes !
Je ne les ai pas pris pour témoigner de la création des cieux et de la terre, pas plus que de leur propre création : Je ne prends pas à Mes côtés ceux qui ont pour vocation d’égarer les autres.
Les versets sataniques
Voici les sublimes déesses (ou cygnes exaltés),espérez leur intercessionde sorte qu’ils n’oublient pas.
Avez-vous vu Al-Lat et Al-‘Uzza,
et la troisième [idole], Manat?
Bibliographie
- Bible : Jérusalem
- Coran: Malek Chebel
- Gérard André-Marie, Dictionnaire de la Bible, Bouquins, Robert Laffont, 1990
- Léon-Dufour Xavier, « Que Diable ! », Études 3/2002 (Tome 396) , p. 349-363
- Sourdel Dominique et Janine, Dictionnaire historique de l’islam, PUF, Quadrige, 2004
- + Dossier « Faut-il avoir peur du diable » de janvier 2009, interview de Robert Muchembled
Pour moi Dieu est un despote, un dictateur qui punit ceux qui sont pas d’accord avec sa politique, Dieu joue le rôle d’un spectateur qui s’amuse a voir les hommes souffrir er rejette son impuissance sur celui qu’il nomme le diable, Lucifer, ibis; la bête c’est l’hôpital qui se fout de la charité; le porteur de lumière a bien eu raison de ne pas s’incliner devant sa haute majesté moi j’en aurais fait autant
merci beaucoup votre article ma faire tellement de bien et ma beaucoup situé
Article de piètre qualité, l’auteur n’a visiblement pas les connaissances requises pour aborder les sujets dont il parle, il en vient même à plagier Salman Rushdie, pourtant ses versets sataniques ont été démentis il y a au moins vingt ans, Al Tabari lui même précise que l’histoire relaté n’a aucune authenticité historique et ça se comprend quand on lit la suite du Verset cité, confusion entre Djinn et Ange, confusion entre le libre arbitre de Satan et une mission confié par « Dieu », désolé mais le travail bâclé, n’est pas théologien qui veut.
Tu veux qu’il suit tes propres fausses convictions !!! Non.
je suis encore nouveau
Je suis informé de nouveau
Excellente synthèse Adrian_ Passionnant!!!!!! Merci beaucoup
Merci 🙂
J’aime beaucoup comment vous partagez votre passion (Y)
Salutations.
Merci Paola !
Salutations à vous aussi 🙂
Paix sur vous avec la Miséricorde d’Allah et sa bénédiction …
D’apres Vous où est la vérité , celle édictée par des livres saints ( thora , bible ) ou celle qui est immuable , à la vocalisation même , le Coran , œuvre non humaine mais DIVINE . Le Coran reste la preune incontestable de la VERI TE . LOUANGES AU Seigneur de l’Univers et au Maître de la rétribution !!!
Site superbe, félicitations à Adrian pour une présentation si ludique de la culture générale !