Bien que l’on ait deux mains, on écrit : à portée de main. Cette expression se rapporte à une chose qui est assez proche pour qu’on puisse l’attraper avec la main et, par extension, à propos de ce qui est sur le point d’être obtenu (la victoire est à portée de main). Elle est enregistrée au singulier dans les dictionnaires usuels. On peut toutefois trouver quelques emplois pour la forme au pluriel « à portée de mains », mais ils sont rares. Gallica renvoie 306 résultats pour cette version, contre 4777 pour la version avec le singulier. On trouve le pluriel quelque fois dans la presse. Le cas est différent pour « en main propre(s) », ou les deux graphies sont plutôt concurrentes, bien que le pluriel soit un peu plus courant.
Ce singulier s’explique par le fait que cette expression soit en réalité une variante de « à portée de la main », forme aujourd’hui vieillie, que l’on peut repérer dès le XVIIIe siècle. La forme moderne, avec l’élision de « la », n’apparaît pas avant le début du XIXe siècle. « À portée de la main » est enregistrée dès la 6e édition du Dictionnaire de l’Académie française, et la forme actuelle, avec l’élision, à partir de la 9e édition (en cours de rédaction). On disait autrefois qu’« une chose n’est pas à portée de bras » ou « de main » pour dire qu’elle est dans un lieu trop éloigné pour pouvoir l’atteindre avec la main.
Exemples :
- Je t’en supplie, garde ton téléphone portable à portée de main cette nuit pour que je puisse t’appeler !
- Toujours une bougie à portée de la main, tantôt elle l’enlevait, me laissant dans l’ombre […] (Alain-Fournier, Le Grand Meaulnes)
- C’était une corde à portée de main pour un homme qui se noyait […] (Balzac, César Birotteau, 1837)
- — Je ne connais que toi ! interrompis-je violemment, en faisant sauter une pile de dossiers qui se trouvait, sur son bureau, à portée de main… (Mirbeau, Le Jardin des supplices, 1904)
Laisser un commentaire