« Successeur » n’a pas de forme féminine unique, établie par la grammaire ou par l’usage des francophones. Ce terme vient du latin successor, « successeur dans une fonction », où manque une forme féminine (comme pour son antonyme, prédécesseur).
Successeur
Dès sa première édition (1694), le Dictionnaire de l’Académie française enregistrait « successeur » comme un nom masculin, sans préciser de forme féminine. On peut donc suivre la position de l’Académie, et considérer « successeur » comme un nom dont le genre n’est pas lié au sexe des personnes qu’il désigne. Cela revient à employer « successeur » au masculin pour une femme (« Elle était mon successeur à cette charge »), ou contourner l’emploi du mot, ce que le Larousse estime préférable (« Elle m’a succédé à cette charge »). Il est difficile de suivre cette dernière position, tant elle paraît injustifiée. Enfin, l’usage du synonyme « héritière » est peu satisfaisant, car inutilisable, par exemple, dans le monde du travail.
D’autres solutions s’offrent aux usagers. On peut suivre ce que Le Bon Usage estime être la solution la plus simple : considérer « successeur » comme un mot épicène, et de marquer le genre par l’emploi d’un déterminant ou d’un adjectif épithète féminin : « la successeur de la directrice actuelle », « ma successeur à ce poste », « j’ai choisi cette talentueuse successeur… ».
Des formes féminisées
Autrement, il est possible d’employer une graphie féminisée du mot. Le Dictionnaire historique de la langue française relève deux formes rares, successeresse, employé du XIVe siècle jusqu’au XVIe siècle selon lui (Gallica renvoie cependant peu de résultats), et successore, au XVIe siècle. On peut supposer que ces deux formes n’auront pas les faveurs de l’usage, successeresse ayant une forte sonorité médiévale en plus d’être difficile à prononcer (à cause de l’allitération en « s »), successore étant quant à elle une féminisation trop inhabituelle.
Le site internet de l’Office québécois de la langue française propose « successeure » avec l’ajout d’un « e » muet à la fin du mot pour suivre un modèle général de féminisation (il propose aussi « docteure », « professeure », « prédécesseure »). C’est aussi la forme recommandée par le guide de féminisation produit par la région Wallonie-Bruxelles. Exemple :
Le lendemain sur France 2, la successeure de Gabriel Attal rectifie le tir et revient sur le calendrier original (publicsenat.fr)
Ce n’est pas la seule féminisation contemporaine possible. « Successrice » a l’avantage de rendre la féminisation audible, ce qui est parfois recherché, tout comme « successeuse », qui est recommandé par le guide Écrire les genres de la Conférence romande des bureaux de l’égalité, en Suisse.
Le ministre salue à l’occasion de cette nomination l’action de Bruno Mantovani pour sa contribution d’exception au rayonnement du Conservatoire. Il transmet à sa successeuse un établissement d’excellence et en ordre de marche. (culture.gouv.fr)
Une recherche sur Google Ngram révèle que « successeure » est la forme la plus courante. Suivent « successeuse », assez courant (notamment dans la presse), puis « successrice, qui n’est pas usité.
Les Canadiens ont choisi la meilleure solution !
Sans chichi ni complication !!!!!
L’ajout du « e » muet, comme dans « professeure » n’est pas non plus une solution idiote. Elle marque bien le féminin.