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Comparaison : définition · exemples · effets (figure de style) 📚

Publié le 17/10/2017
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Définition

La comparaison est un procédé par lequel on rapproche un terme ou un ensemble de termes, par exemple « la terre », d’un terme ou d’un ensemble de termes différent, par exemple « le feu ». Deux entités sont mises sur un même plan : « la terre est rouge comme le feu ». Le premier terme ou ensemble de termes est appelé le comparé (ou thème) : dans l’exemple, c’est « la terre ». Le deuxième terme ou ensemble de termes est appelé le comparant (ou phore) : dans l’exemple, c’est « le feu ». La comparaison opère à l’aide d’un outil de comparaison. Dans l’exemple précédent, l’outil de comparaison est « comme ». L’outil de comparaison peut être :

  • une conjonction ou un adverbe : comme, ainsi que, de même que, plus que, moins que etc. ;
  • un adjectif comparatif : tel, semblable, pareil à, etc. ;
  • un verbe : paraître, avoir l’air de, sembler, ressembler, etc.

La comparaison est une figure de style lorsqu’on rapproche des éléments au départ dissemblables, par analogie. On parle alors de comparaison figurativeExemple :

Un petit baiser, comme une folle araignée,
Te courra par le cou…

Rimbaud, Rêvé pour l’hiver

Rimbaud compare dans ces vers « un petit baiser » dans le cou à un élément qui lui semble au départ complètement différent et étranger : une « folle araignée« . Le poète rapproche deux réalités dissemblables qui, après effort du lecteur, semblent effectivement se rapprocher : les petits baisers multipliés dans le cou courent et chatouillent comme le ferait une petite araignée. Autre exemple :

Peut-être parce qu’il ne regarda le général de Froberville et le marquis de Bréauté qui causaient dans l’entrée que comme deux personnages dans un tableau, alors qu’ils avaient été longtemps pour lui les amis utiles qui l’avaient présenté au Jockey et assisté dans des duels, le monocle du général, resté entre ses paupières comme un éclat d’obus dans sa figure vulgaire, balafrée et triomphale, au milieu du front qu’il éborgnait comme l’oeil unique du cyclope […]

Proust, Du côté de chez Swann

La première comparaison proposée (en vert) est simple à assimiler. Deux personnes qui discutent sont aisément assimilables à des personnages de tableau. Cette comparaison annonce toutefois les deux comparaisons littéraires suivantes : le personnage de Swann, dans l’oeuvre de Proust, est un homme qui voit le monde par le truchement de l’art. Swann peint donc dans son esprit un tableau étrange, presque fantasmagorique, avec les deux comparaisons suivantes (en bleu et en orange). Il rapproche un monocle d’un élément appartement à l’univers de la guerre, un obus, (car porté par un général), pour ensuite tourner au quasi-fantastique en transformant la face du général en celle d’un cyclope. 

Si l’outil de comparaison est toujours explicite, il est parfois nécessaire de comprendre le point commun implicite que l’auteur a souhaité souligner. En effet, l’auteur reconstruit parfois le monde de façon poétique et tisse des liens inattendus. Il faut donc essayer d’entrer dans sa subjectivité.

Vous trouverez en cliquant ici la liste de toutes les figures de style essentielles de la langue française

 

Comparaison simple et comparaison figurative

La comparaison simple rapproche deux éléments d’un même registre, d’un univers de référence commun.  Exemple : Léontine est aussi calme que son frère. 

La comparaison figurative rapproche des éléments qui sont étrangers l’un à l’autre, et introduit par là de l’insolite dans un texte. Elle demande un effort supplémentaire à celui qui la lit pour établir le lien qui unit les termes rapprochés. Elle seule est une figure littéraire. Exemple : Léontine tempête comme un dogue enragé. 

 

Quel est l’effet de la comparaison ?

En littérature, une comparaison permet de tisser un lien entre deux univers de référence différents (comparer, par exemple, le caractère de quelqu’un au comportement d’un animal, assimiler un objet du quotidien à un objet que l’on rencontre plus rarement, etc.) ou de mettre en lumière une caractéristique commune jusque là ignorée. Comparer revient à mettre sur une même balance deux éléments et donc de les juger l’un par rapport à l’autre. La comparaison permet donc d’effectuer un jugement valorisant ou dévalorisant, c’est-à-dire de faire l’éloge ou la critique de quelqu’un ou quelque chose. Exemples : il est modeste comme César (ironie) ; leurs bontés paraissent infinies (éloge). 

Comme procédé de langage très commun, la comparaison permet souvent d’expliquer une chose abstraite par une chose concrète. Exemple : la culture c’est comme la confiture, moins on en a, plus on l’étale. 

 

Comparaison et métaphore

À l’inverse d’une métaphoreune comparaison lie les deux termes mis en relation par un outil de comparaison : comme, tel, ainsi que, plus que, moins que, autant que… Exemples : Ses cheveux sont blancs comme neige ! La métaphore élimine l’outil de comparaison  :

La métaphore se distingue de la similitude ou comparaison par le fait qu’aucun élément formel de comparaison ne s’y trouve présent.

Josette Rey-Debove, Lexique de sémiotique, 1979

En suivant le grand grammairien Fontanier, on peut parler, sans la définir rigoureusement, de la métaphore comme une comparaison abrégée, ou comparaison réduite à un seul terme. En outre, contrairement à la métaphore, la comparaison conserve le sens propre des deux termes qu’elle rapproche. Elle ne change pas le sens des mots comme la métaphore.

 

Comparaison et cliché

La comparaison est très courante dans le langage, si bien qu’elle a été considérée comme un élément qui appauvrissait la qualité d’un texte littéraire par certains écrivains. Ainsi Flaubert assimilait-t-il la comparaison à un parasite qui venait souiller le corps pure de la phrase : 

Je crois que ma Bovary va aller, mais je suis gêné par le sens métaphorique qui décidément me domine trop. Je suis dévoré de comparaisons, comme on l’est de poux, et je ne passe mon temps qu’à les écraser ; mes phrases en grouillent. (Flaubert, Lettre à Louise Colet, 7 décembre 1852)

Les comparaisons, ces « bals masqués de l’imagination », fruits d’une inspiration nerveuse, travestissent la vérité de la phrase : 

Il faut écrire plus froidement. Méfions-nous de cette espèce d’échauffement, qu’on appelle l’inspiration, et où il rentre souvent plus d’émotion nerveuse que de force musculaire. […] Au lieu d’une idée j’en ai six et, où il faudrait l’exposition la plus simple, il me surgit une comparaison. J’irais, je suis sûr, jusqu’à demain midi, sans fatigue. Mais je connais ces bals masqués de l’imagination, d’où l’on revient avec la mort au cœur, épuisé, ennuyé, n’ayant vu que des faux, et débité que des sottises.

Mallarmé, lui, souhaitait éliminer la formule explicative de l’image littéraire (l’outil de comparaison), ce qu’il a exprimé dans cette confession à Édouard Dujardin :

Je raye le mot comme du dictionnaire.

Édouard Dujardin, De Stéphane Mallarmé au prophète Ézéchiel

 

Comparaison chimérique

Suivant Morier, on parle de comparaison chimérique lorsque l’on passe d’un terme réel à un terme irréel. On utilise alors souvent, comme le précise Henri Suhamy, les verbes « paraître », « sembler », ou des locutions comme « comme si » ou « on eût dit ». Exemple

À l’orient, la lune touchant l’horizon semblait reposer immobile sur les côtes lointaines ; à l’occident, la voûte du ciel paraissait fondue en une mer de diamants et de saphirs, dans laquelle le soleil, à demi plongé, avait l’air de se dissoudre.

Chateaubriand, Voyage en Amérique

 

Étymologie de comparaison

Emprunt au latin comparatio, lui-même dérivé de comparo, « comparer ». 

 

Exemples de comparaisons

L’absence diminue les médiocres passions, et augmente les grandes, comme le vent éteint les bougies et allume le feu.

La Rochefoucauld, Maximes, 276

Cette maxime de La Rochefoucauld ne se contente pas de comparer l’absence au vent, mais des actions : l’effet de l’absence sur les passions à l’effet du vent sur les bougies. 

  • La bonté devait donc faire comme le fonds de notre cœur, et devait être en même temps le premier attrait que nous aurions en nous-mêmes pour gagner les autres hommes. La grandeur qui vient par-dessus, loin d’affaiblir la bonté, n’est faite que pour l’aider à se communiquer davantage, comme une fontaine publique qu’on élève pour la répandre. (Bossuet, Oraison funèbre du prince de Condé)
  • Au milieu de ce fracasrien n’était aussi alarmant qu’un certain murmure sourdpareil à celui d’un vase qui se remplit. (Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe)
  • Sa barbe était d’argent comme un ruisseau d’avril (Hugo, La Légende des siècles, Booz endormi)
  • Elle a passé la jeune fille
    Vive et preste comme un oiseau (Nerval, Une allée au Luxembourg)
  • Nous allons chanter à la ronde,
    Si vous voulez,
    Que je l’adore et qu’elle est blonde
    Comme les blés. (Musset, Le Chandelier, Chanson de Fortunio)
  • Le poète est semblable au Prince des nuées
    Qui hante la tempête et se rit de l’archer. (Baudelaire, Fleurs du Mal, L’Albatros)
  • Nous aurons des lits pleins d’odeurs légères
    Des divins profonds comme des tombeaux (Fleurs du mal, La Mort des amants)
  • Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir. (Fleurs du Mal, Harmonie du soir)
  • Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle (Fleurs du Mal, Spleen)
  • Et, comme le soleil dans son enfer polaire,
    Mon cœur ne sera plus qu’un bloc rouge et glacé. (
    Fleurs du Mal, Chant d’automne)
  • La musique parfois me prend comme une mer (Fleurs du Mal, La Musique)-
  • Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants,
    Doux comme les hautbois, verts comme les prairies, […] (
    Fleurs du Mal, Correspondances)
  • Et nous alimentons nos aimables remords,
    Comme les mendiants nourrissent leur vermine. (Fleurs du Mal, Au lecteur)
  • Je t’adore à l’égal de la voute nocturne (Fleurs du Mal, XXIV)
  • Elle ressemblait aux femmes des livres romantiques (Flaubert, L’Éducation sentimentale)
  • Le homard, compliqué comme une cathédrale,
    Sur un lit de persil, monstre rouge, apparaît.  (Monselet, Le Homard)
  • Il pleure dans mon cœur
    Comme il pleut sur la ville (
    Verlaine, Romances sans paroles)
  • Son regard est pareil au regard des statues (Poèmes saturniens, Mon rêve familier)
  • […] beau comme la rétractilité des serres des oiseaux rapaces ; ou encore, comme l’incertitude des mouvements musculaires dans les plaies des parties molles de la région cervicale postérieure ; ou plutôt, comme ce piège à rats perpétuel, toujours retendu par l’animal pris, qui peut prendre seul des rongeurs indéfiniment, et fonctionner même caché sous la paille ; et surtout, comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie ! (Lautréamont, Chants de Maldoror)
  • On était pareil à un chat qui s’est glissé dans le buffet pour manger une sauce. (Romains, Les Copains)
  • J’ai des souvenirs précieux comme des diamants. (Vallès, La Rue, Un Grand Voyage)
  • La terre est bleue comme une orange (Éluard, L’amour la poésie, Premièrement, 7e poème)
    • Une évocation de la couleur des yeux et de la chevelure de sa femme, Gala.
  • Sa vie, elle ressemble à ces soldats sans armes. (Aragon, La Diane française, Il n’y a pas d’amour heureux)
  • Aubignane est collé contre le tranchant du plateau comme un petit nid de guêpes ; (Giono, Regain)