Dans un article du Figaro paru le 3 avril 1876, le critique d’art Albert Wolff (1825 – 1891), admirateur notamment du peintre réaliste Ernest Meissonier (1815 – 1891), juge très durement les impressionnistes qui exposent dans la galerie du marchand d’art Paul Durand-Ruel (1831 – 1922), rue Le Peletier à Paris.
Un article critique des impressionnistes paru dans Le Figaro
La rue Le Peletier a du malheur. Après l’incendie de l’Opéra voici un nouveau désastre qui s’abat sur le quartier. On vient d’ouvrir chez Durand-Ruel une exposition qu’on dit être de peinture. Le passant inoffensif, attiré par les drapeaux qui décorent la façade, entre, et à ses yeux épouvantés s’offre un spectacle cruel. Cinq ou six aliénés, dont une femme, un groupe de malheureux atteints de la folie de l’ambition s’y sont donné rendez-vous pour exposer leurs oeuvres.
Il y a des gens qui pouffent de rire devant ces choses, moi, j’en ai le coeur serré. Ces soi-disant artistes s’intitulent les intransigeants, les impressionnistes ; ils prennent des toiles, de la couleur et des brosses, jettent au hasard quelques tons et risquent le tout. C’est ainsi qu’à la Ville-Evrard, les esprits égarés ramassent les cailloux sur le chemin et se figurent qu’ils ont trouvé des diamants. Effroyable spectacle de la vanité humaine s’égarant jusqu’à la démence. Faites donc comprendre à M. Pissarro que les arbres ne sont pas violets, que le ciel n’est pas d’un ton beurre frais, que dans aucun pays on ne voit les choses qu’il peint et qu’aucune intelligence ne peut adopter de pareils égarements. Autant perdre son temps à vouloir faire comprendre à un pensionnaire du Dr Blanche se croyant le pape qu’il habite les Batignolles et non le Vatican.
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Et c’est un amas de choses grossières qu’on expose au public songer aux conséquences fatales qu’elles peuvent entraîner. Hier on a arrêté rue Le Peletier un jeune homme qui, en sortant, mordait les passants.
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