« Égoïste » et « égocentrique » sont deux paronymes (deux termes à la sonorité proche) qui sont aussi plus ou moins synonymes. Cependant, ils ne sont pas toujours employés dans les mêmes contextes, ce qui peut prêter à confusion.
Égoïste
« Égoïste » est un adjectif et un nom qui a été formé au XVIIIe siècle à partir du latin ego, « moi, je ». (on le trouve par exemple chez Descartes, « ego sum, ego existo ») Ce terme désigne ou qualifie une personne qui se soucie surtout d’elle-même, qui porte un intérêt excessif ou exclusif à elle-même, qui ne s’attache qu’à elle-même, tout en négligeant autrui. Il peut aussi qualifier une personne qui subordonne l’intérêt d’autrui au sien. Autrefois, on parlait d’« égoïsme » en littérature ou en philosophie à propos de la tendance naturelle de l’homme à se conserver (définition donné par le Dictionnaire de l’Académie française). Son antonyme le plus courant est altruiste.
Exemples d’emploi
- Ce sont des gens qui n’agissent qu’en fonction de calculs égoïstes.
- Ce type est un monstrueux égoïste !
- « Et, chez ce gros garçon égoïste, un père s’était révélé, admirable, un cœur enflammé d’une passion unique. » (Zola, L’Œuvre)
Égocentrique
« Égocentrique » est lui-aussi formé à partir du latin ego, avec l’ajout du suffixe « -centrique » (de « centre »). Cet adjectif (rarement employé comme nom), plus rare qu’« égoïste », et qui est entré dans l’usage plus récemment, au XXe siècle (cf. les résultats donnés par l’outil Google Ngram), qualifie une personne centrée sur elle-même, une personne qui se considère comme le centre du monde. Cet adjectif est donc plus ou moins synonyme d’ « égoïste », et il est le plus souvent employé comme un simple synonyme d’« égoïste », mais il est peut-être un peu moins fort, du fait, éventuellement, de sa connotation particulière, qui le range dans le langage de l’analyse psychologique (ou pseudo psychologique). D’ailleurs, « égocentrique », lorsqu’il est employé dans les publications de psychologie, désigne une déformation de soi qui consiste à n’envisager le monde qu’à partir de soi, ou de son intérêt propre. Chez le pédagogue Jean Piaget (1896 – 1980), une partie du langage des enfants est égocentrique parce que ceux-ci ne cherchent pas à réfléchir à partir du point de vue d’autrui.
Exemples d’emploi :
- Piaget définit le concept d’égocentrisme qui a toujours été caractérisé par deux aspects différents. ‘« La pensée égocentrique se définit (…) par deux caractères :’ ‘au point de vue de la structure, c’est une pensée sans normes’ ‘au point de vue du contenu, c’est le primat de la perspective propre. » (theses.univ-lyon2.fr);
- Androula Michael, maîtresse de conférences en art contemporain chez Université de Picardie Jules Verne, était présente à ce séminaire : « Picasso était bien sûr quelqu’un d’égocentrique, qui n’était peut-être pas un homme exemplaire en tant qu’époux ou en tant que père, estime-t-elle. (francertvinfo.fr)
Égotisme
Enfin, il faut relever aussi le nom « égotisme » (dont l’adjectif dérivé est « égotiste »), qui est un emprunt à l’anglais egotism, qui traduisait lui-même le français « égoïsme ». C’est un synonyme de ce dernier terme. Il a cependant été employé d’une manière spécifique par Stendhal (1783 – 1842), auteur de Souvenirs d’égotisme (1832), pour désigner le fait d’analyser son moi, par un journal intime notamment. Ce terme reste lié à cet écrivain, et son usage est rare.
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