Cette liste comprend 29 insultes anciennes. Il n’appartient qu’à vous de les remettre au goût du jour ! Après ces insultes, on peut consulter la liste des 18 anciens jurons que l’on peut utiliser encore aujourd’hui (Jarnicoton ! Mazette ! Scrogneugneu !). Cette liste ne contient pas les jurons du capitaine Haddock (crétin des Alpes, moule à gaufre, bachi bouzouk, etc.), ni certaines prétendues « insultes anciennes » proposées par certains sites internets, mais qui ne semblent pas avoir été utilisées comme telles par nos ancêtres. Elle ne contient que des insultes qui ont été en usage. Cette liste est bien sûr ouverte à vos suggestions.
🔥 « Bélître ! » : un bélître est un sot, un gueux, un mendiant. Exemples :
- Ton ami est un franc bélître !
- Bélître, comprends donc que je me suis défié de ta pauvre vanité. (Balzac, L’Enfant maudit)
- Allez, bélître de pédant. (Molière, Le Bourgeois gentilhomme, II, IV, Le Maître de musique)
🔥 « Butor ! » : le butor est d’abord un petit oiseau échassier, type héron. Mais lorsque l’on dit que quelqu’un est un butor, on dit qu’il est sot, grossier, maladroit. Il existe le féminin plutôt rare « butorde ». Exemples :
- Va-t’en butor ! Je te méprise !
- Elle l’avait traitée de butorde avant de repartir d’un pas ferme.
- Fi ! peste soit du butor ! (Molière, Les Fourberies de Scapin, I, 2, Scapin)
- Andrée : Est-ce, madame, qu’à la
cour une armoire s’appelle une garde-robe ?
La comtesse : Oui butorde ; on appelle ainsi le lieu où l’on met les habits. (Ibid, La comtesse d’Escarbagnas, Scène III) - […] je n’osais sortir de ma place, et je laissais ramasser le gant par un gros butor de valet que j’aurais volontiers écrasé. (Rousseau, Confessions)
- Ma foi ! j’en ai honte pour l’honneur de l’intelligence humaine. Ce butor m’appelle son ami. (Dumas, La Dame de Monsoreau)
- Maraud, faquin, butor de pied plat ridicule ! (Rostand, Cyrano de Bergerac, Premier acte, Le vicomte)
🔥 « Cuistre ! » : personne fier de son savoir, le cuistre est vaniteux, manque de savoir-vivre, il est pédant (encrassé ajoute le Littré) et ridicule. Le personnage de Molière Trissotin, dans Les Femmes savantes, est l’archétype du cuistre. C’est une espèce que l’on rencontre souvent sur les réseaux sociaux. Exemples :
- Celle-là, c’est la reine des cuistres !
- Trissotin : Allez, fripier d’écrits, impudent plagiaire.
- Vadius : Allez, cuistre… (Molière, Les Femmes savantes, III, 1)
- Allez, cuistre fieffé. (Molière, Le Bourgeois gentilhomme, II, IV, Le Maître à danser)
- Mais je hais les cagots, les robins et les cuistres. (Musset, Premières poésies, La Coupe et les Lèvres)
- Jarnicoton ! Mazette ! Scrogneugneu ! Voir ici 18 anciens jurons que l’on peut utiliser encore aujourd’hui.
🔥 « Faquin ! » : le faquin est d’abord un portefaix, celui qui porte des fardeaux, puis un mannequin sur lequel on s’exerçait à la lance. Il est devenu un personnage méprisable et sot. Exemples :
- Ce faquin de boulanger m’a vendu du pain dur !
- Le ministre est un fieffé faquin.
- Alors le noble altier, pressé de
l’indigence,
Humblement du faquin rechercha l’alliance (Boileau, Satire V) - Approche, approche, Cinthia ; montre-nous ta poitrine et ton dos, et fais voir à ce faquin de Georges que le bon Dieu n’est pas encore aussi maladroit qu’il veut bien le dire. (Théophile Gautier, Fortunio)
- À Naples, Ébid, de
Macédoine,
Fut pendu ; c’était un faquin. (Hugo, La Légende des siècles, La chanson des aventuriers de la mer)
🔥 « Faraud ! » : un faraud est quelqu’un qui se pense élégant, qui porte de beaux habits, qui en tire fierté, qui se donne des airs avantageux. Exemples :
- Il fait le faraud dans toutes les soirées de la ville.
- Blotti dans son coupé pour échapper aux ovations, Roumestan se délectait de toute cette belle humeur, à la vue de ces faces brunes, busquées, allumées de passion et d’ironie, de ces grands garçons aux airs farauds […] (Daudet, Numa Roumestan)
- Son costume de faraud imbécile, le mauvais goût de ses cravates à galons d’or, ses pantalons gris-perle à bandes noires, ses redingotes à gigots, ses gants crispins, le carnaval enfin qu’il promenait toute l’année dans les rues sur sa personne ! (Goncourt, Journal, cité par le TLFi)
- Un assez bel homme, blond tirant sur le roux, yeux bleu de faïence, froids et durs, l’air bravache avec un dandinement de faraud. (Vernès, Le Chemin de France)
- Pour Mélie, la farauderie doit se porter à l’extérieur (Colette, Claudine en ménage)
- À lire en cliquant ici : plus d’informations sur faraud !
🔥 « Fesse-mathieu ! » : d’abord prêteur sur gage ou usurier, le fesse-mathieu (fesse-mathieux au pluriel) est devenu un avare, un ladre. Saint Matthieu, usurier avant d’être apôtre, est le saint patron des comptables, des banquiers et des douaniers. Fesser est à comprendre comme « battre ». Exemples :
- Vous êtes la fable et la risée de tout le monde ; et jamais on ne parle de vous que sous les noms d’avare, de ladre, de vilain et de fesse-mathieu. (Molière, L’Avare, III, 5, Maître Jacques)
- Ah ! Parbleu, c’était bien un autre bougre que celui-ci. C’est un fesse-mathieu, un pisse-froid, un morveux dont il n’y a rien à attendre de grand. (Diderot, Salon de 1767)
- Vous êtes un ladre, un fesse-mathieu, et vous vous conduisez comme un cuistre !… (Paul de Kock, L’Homme de la nature et l’homme policé)
🔥 « Forban ! » : un forban était un marin qui exerçait la piraterie pour son propre compte. Ce terme est devenu synonyme d’homme malhonnête, malfaisant, sans scrupule. Un forban littéraire est un plagiaire, quelqu’un qui s’approprie textes, idées et morceaux qui ne lui appartiennent pas (4e édition du Dictionnaire de l’Académie). Exemples :
- Ne fais pas confiance à ce forban !
- Ces ministres ne sont pas autre chose que des forbans !
- Faussaires, meurtriers,
escrocs, forbans,
voleurs,
Ils savent qu’ils auront, comme toi, des malheurs ; (Hugo, Les Châtiments, Expiation)
🔥 « Foutriquet ! » : un foutriquet est une personne petite, chétive, quelqu’un d’insignifiant. Exemples :
- Petit foutriquet, tu te permets donc d’être prétentieux !
- Messieurs les foutriquets aristocrates à culottes serrées, à grosses cravates, à petites cocardes,… n’agacez pas le dogue patriote (Lettre du Père Duchesne, cité par le Littré)
- Un jour, Soult voulant être
maître,
Parlait très-haut sous son plumet
Adolphe, dit à ce vieux reître
Qui le traitait de foutriquet (La Légende de M.Thiers – Foutriquet était le surnom donné par le maréchal Soult à Adolphe Thiers)
🔥 « Fripon ! » : Fripon a de multiples sens.
- Un fripon est d’abord un voleur,
mais un voleur rusé, malicieux, qui utilise des tours pour parvenir
à ses fins. Exemples :
- J’ai bien compris des petits tours de fripon !
- Ce gouvernement fripon maltraite les citoyens.
- Non ; je ne dis pas cela ; c’est faux, maître fripon. (Molière, L’Avare, Harpagon)
- J’embrasserais ce fripon de Grignan, si je n’étais fâchée contre lui. (Madame de Sévigné, Lettres)
- Un fripon désigne aussi un enfant malicieux, vif,
espiègle. Le terme devient
alors affectueux. Exemples :
- Le sourire fripon de Jeannette lui garantissait l’indulgence des adultes.
- Ce petit fripon est venu pisser sur mes murs !
- Un fripon peut être un
jeune homme inconstant en amour,
volage. Exemple :
- Cet insatiable fripon pouvait avoir jusqu’à trois aventures par jour.
- Une friponne est une femme coquette,
fine. Exemples :
- Sa rengaine augmentait chaque fois qu’il se faisait moucher par cette grande friponne.
🔥 « Ganache ! » : on ne parle pas ici de la crème de chocolat ! La ganache désigne d’abord la mâchoire inférieure du cheval (le grec gnathos, γναθος, qui signifie « mâchoire »). Ce terme est venu à désigner un personnage dans le théâtre italien puis, de là, un vieux radoteur et, enfin, un imbécile, un crétin, à l’esprit étroit, « qui reste attaché obstinément à des valeurs du passé » selon l’Académie. Ainsi, on pouvait traiter quelqu’un de « vieille ganache » : cette vieille ganache de Martin ! Cette insulte semble, comme « pignouf », appréciée par Flaubert. Mais attention, « vieille ganache » peut aussi être amical. Flaubert termine ainsi une lettre à George Sand par « votre vieille ganache qui vous aime ». On trouve en outre les dérivés « ganacherie » et « ganachisme ». Exemples :
- […] et devant lequel il n’élevait pas la voix aussi haut qu’il le faisait dans le parc, lorsqu’il déblatérait devant Pierre Huguenin contre les ganaches de la Chambre. (Sand, Le Compagnon du tour de France)
- Ah ! encore, dit Rodolphe. Toujours les devoirs, je suis assommé de ces mots-là. Ils sont un tas de vieilles ganaches en gilet de flanelle, et de bigotes à chaufferette et à chapelet […] (Flaubert, Madame Bovary)
- Il ne trouvait pas Ledru-Rollin « suffisant pour le problème », traita Dupont (de l’Eure) de vieille ganache ; (Ibid, L’Éducation sentimentale)
- Décidément, il tourne au ganachisme avec ses rabâchages perpétuels. (Ibid, Lettre à Louise Colet)
🔥 « Gaupe ! » : une gaupe est une femme malpropre et désagréable, une femme de mauvaise vie. Ce terme viendrait l’allemand du Sud Walpe. Exemples :
- Sale gaupe !
- Marchons, gaupe, marchons ! (Molière, Le Tartuffe, I,5 Madame Pernelle à Elmire)
- Voleuse d’enfants, Égyptienne, gaupe, truande, tu vas voir que ma béquille est en bon cœur de chêne ! (Gautier, Une larme du diable, I, 7)
🔥 « Godiche ! » : un godiche est quelqu’un de maladroit, de gauche, de timide. Le terme serait un diminutif de « Glaude », «Claude ». Aujourd’hui, on utilise surtout surtout « godiche » pour parler d’une femme. Exemples :
- Son air godiche avait le don d’énerver ses interlocuteurs !
- Arrête de traîner, godiche !
- Les gens qui meurent, ça devrait se serrer la main. Comme c’est godiche de se battre ! (Hugo, Quatrevingt-treize)
- Eh pardieu ! que mon père te met dedans de la plus jolie façon du monde…Tu me fais de la peine, vrai ; tu es trop godiche ! (Zola, La Curée)
🔥 « Gougnafier ! » : un gougnafier est un individu sans valeur, un bon à rien. Exemples :
- Un travail de gougnafier.
- Cet exemple dans Les Visiteurs.
🔥 « Gourgandine ! » : une gourgandine est une femme facile, une fille de mauvaise fille, une dévergondée. Exemples :
- Oh ! une gaupe, une gourgandine ! s’écria le curé, une femme de mœurs équivoques, occupée de théâtre, hantant les comédiens et les comédiennes, mangeant sa fortune avec des folliculaires, des peintres, des musiciens, la société du diable, enfin ! (Balzac, Béatrix)
- Prendre gaîment pour soi palais
et millions,
S’afficher tout crûment satrape, et, sans sourdines,
Mener joyeuse vie avec des gourgandines ; (Hugo, Les Châtiments, Le Parti du crime)
🔥 « Jean-Foutre ! » : Jean-foutre est un équivalent simple et plaisant au « connard » moderne. On a aussi : jean-fesse (synonyme de jean-foutre), jean-sucre (idem), jean-Peuple (homme du peuple), jean-bout-d’homme, jean-s’en-fiche (invention de Léon Daudet), Jean-prend-tout (invention de Balzac). Exemples :
- Bardoux décidément m’a l’air d’un jean-foutre. Pas de réponse à mes billets. Pas de dîner. (Flaubert, Correspondance)
- – Mon oncle, on m’a conté que,
l’autre jour, vous aviez rencontré Buteau…
– Buteau est un jean-foutre ! (Zola, La Terre)
🔥 « Malappris ! » : un malappris manque surtout d’éducation. Exemples :
- Tu as agi comme un vilain malappris !
- Cette malapprise me le paiera cher !
- As de pique vous-même, malappris ! (Courteline, Messieurs les Ronds-de-Cuir)
- Vous m’avez apporté de l’eau dans une écuelle qui sent la cuisine ; donnez-moi la main pour descendre ; vous êtes des butors et des malappris. (Musset, On ne badine pas avec l’amour, I, 1 Dame Pluche)
🔥 « Malotru ! » : un malotru est une personne maussade selon le Littré, grossière selon le TLFi et l’Académie. Malotru viendrait du latin male astrucus, « né sous une mauvaise étoile ». Malotru peut être un adjectif. C’est le nom d’un personnage dans Le Bureau des légendes. Exemples :
- Quel malotru !
- Je ne peux te cacher que ton ami s’est comporté comme un vilain malotru avec moi !
- Sur ce, je me vois dans l’obligation de vous prévenir que vous êtes un fier malotru, et que je vais déposer ma plainte chez le commissaire.(Sue, Les Mystères de Paris)
- Au milieu de ce tohu-bohu et de ce vacarme, un âne trottait vivement, harcelé par un malotru armé d’un fouet. (Baudelaire, Le Spleen de Paris, Un Plaisant)
- Beaucoup de gens sont venus à la rescousse, on me disait que j’avais tort de ne pas aller à Guermantes, que je me donnais l’air d’un malotru, d’un vieil ours. (Proust, Du côté de chez Swann)
🔥 « Maraud ! » : maraud, qui pourrait venir du nom du matou dans l’Ouest de la France, est un insulte qui qualifie une personne d’un rang social inférieur, une personne qui ne mérite pas la considération. Elle est déjà vieillie selon la 8e édition du Dictionnaire de l’Académie française (1932 – 1935). Le verbe marauder (voler des fruits et légumes) est un dérivé. Le féminin « maraude » n’est pas attesté (mais une « maraude » existe). Exemples :
- Celui-là est un franc maraud !
- Tenez, maraud,
voilà ce que votre impudence
Vous attire (Molière, L’Avare, III, 5, Harpagon) - Le Comte : Je crois que c’est ce
coquin de Figaro.
Figaro : C’est lui-même, monseigneur.
Le Comte : Maraud, si tu dis un mot… (Beaumarchais, Le Barbier de Séville, I, 2) - « Monseigneur, laissez-moi la gloire de vous conduire moi-même ; un tel honneur n’est point fait pour un maraud de valet. […] (Gautier, Le Capitaine Fracasse)
- Si ce maraud ne ronflait pas à faire écrouler sur nous le reste de ces murs, j’entendais peut-être quelque chose. (Sand, Jeanne)
🔥 « Maroufle ! » : un maroufle est un personnage grossier, malhonnête, indigne. Exemples :
- Peste soit du maroufle ! (Molière, Dom Juan, II, 3, Sganarelle)
- Dire : Je suis César, et n’être qu’un maroufle ; (Hugo, Les Châtiments, Le parti pris du crime»)
🔥 « Mufle ! » : le mufle est l’extrémité du museau de certains mammifères. De là, il est venu à désigner une personne désagréable, grossière, vulgaire et même laide. Chez Molière, le mufle désigne le visage du personnage injurié. Exemples :
- Quel mufle !
- Qu’elle est mufle !
- Il est suffisamment mufle pour se faire avoir !
- Vous êtes donc le dernier des couards comme vous êtes le dernier des mufles (Courteline, Les Femmes d’amis)
🔥 « Olibrius ! » : un olibrius est une personne ayant un comportement extravagant, bizarre, ridicule. Exemples :
- D’où sort cet olibrius ?
- Je n’ai rien à faire de cet olibrius !
- Un des voisins de Banville, grand olibrius aux favoris noirs et aux façons bruyantes (Stendhal, Mémoires d’un touriste)
🔥 « Ostrogoth ! » : comme l’origine du terme le laisse deviner (les Ostrogoths étaient un peuple barbare au temps des invasions de la fin de l’Empire romain), un ostrogoth est un homme rustre, grossier, qui ne connaît pas les usages communs, qui en est donc ridicule. Exemples :
- Tu n’es qu’un laideron, une insupportable ostrogothe !
- Tu dis que je suis un maroufle, mais moi je dis que tu es un ostrogoth !
🔥 « Paltoquet ! » : un paltoquet est un rustre, un insolent, un prétentieux aux manières de paysan. Le terme vient de « paletot », jaquette de paysan. Exemples :
- C’est un franc paltoquet !
- Vieux paltoquet !
- Il a été employé par Georges Marchais.
🔥 « Pignouf ! » : un pignouf est quelqu’un de grossier, sans manières. Selon l’Académie française, « pignouf » pourrait venir du normand pigner, « pleurer, geindre par ladrerie ». Ce mot était assez appréciée par Flaubert, qui utilisait de sympathiques dérivés : pignouferie et pignouflisme. Exemples :
- Le tsar de Russie m’a profondément déplu ; je l’ai trouvé pignouf. (Flaubert, Lettre à George Sand)
- Je viens de lire le livre de Proudhon sur l’Art ! On a désormais le maximum de la pignouferie socialiste. (Correspondance, Lettre à Edmond et Jules Goncourt)
- L’Amérique aura conquis la
terre.
Avenir de la littérature.
Pignouflisme universel. Tout ne sera plus qu’une vaste ribote d’ouvriers. (Bouvard et Pécuchet) - Tiens ! dans le cabinet du fond, la petite pièce qui n’est pas meublée…Il y a tout juste une malle à madame et une table. C’est là que je loge les pignoufs. (Zola, Nana)
- Jarnicoton ! Mazette ! Scrogneugneu ! Voir ici 18 anciens jurons que l’on peut utiliser encore aujourd’hui.
🔥 «Pisse-Froid ! » : un pisse-froid est une personne morose, faible, triste, faible, sans audace. Exemples :
- Tu n’es qu’un désespérant pisse-froid !
- Je disais donc que je fumais ; j’ajoute que je lis un peu de Ronsard, de mon grand et beau Ronsard, pour lequel je ne suis pas le seul qui nourrisse une religion particulière. Singulière chose que la renommée. Quand je pense qu’un pédant comme Malherbe et un pisse-froid comme Boileau on effacé cet homme-là et que le Français, ce peuple spirituel, est encore de leur avis ! (Flaubert, Lettre à Ernest Chevalier, 2 septembre 1843)
🔥 «Pourceau ! » : un pourceau est un dégoûtant glouton. Exemples :
- Va-t’en, immonde pourceau !
- Espèce de gros plein de soupe, pourceau, glouton !
🔥 « Ribaud ! » : le ribaud, d’abord soldat de l’armée de Philippe Auguste, est devenu un aventurier pillard, puis un homme de mauvaise vie, à l’existence dissolue. Une ribaude est une prostituée. La quatrième édition du Dictionnaire de l’Académie française (1762) dit que « les honnêtes gens évitent de se servir de ce mot ». On trouvait autrefois les dérivés ribauderie et ribauder. Exemples :
- Tu es un franc ribaud et je m’en vais te rosser !
- Qu’as-tu, ribaude, à me regarder ainsi ?
- Holà ! cria Clopin remonté sur sa futaille, holà ! femmes, femelles, y a-t-il parmi vous, depuis la sorcière jusqu’à sa chatte, une ribaude qui veuille de ce ribaud ? (Hugo, Notre-Dame de Paris)
- Les armes de Satan, c’est la plaisanterie et la ribauderie et la maussaderie. (Péguy, La Tapisserie de sainte Geneviève et de Jeanne d’Arc, TLFi)
- Remarque, remarque j’ai assez ribaudé en Artois, pendant que je m’y trouvais, pour me tenir calme quelque temps ; (Druon, Les Rois maudits, Les Poisons de la couronne)
🔥 « Sagouin ! » : sagouin, terme venu d’Amérique du Sud, désigne au départ un petit singe à la queue longue, qui a servi ensuite d’insulte pour désigner une personne sale, malpropre. Le féminin est sagouine. Un livre de Mauriac est intitulé Le Sagouin (1951). Exemples :
- Espèce de sagouin, je vais t’avoir !
- Tous : – Grand Dieu ! qu’allons-nous devenir ? le Père Ubu est un affreux sagouin et sa famille est, dit-on, abominable. (Jarry, Ubu roi, III, 3)
🔥 « Tête de pipe ! » : une tête de pipe est une personne laide, bornée. C’est aussi un terme neutre qui désigne toute simplement un individu (« … par tête de pipe »). Exemples :
- Tu es une vraie tête de pipe !
- Je n’aimais point qu’il appelât têtes de pipe les portraits bizarres des ancêtres (France, Livre ami, cité par le TLFI)
Après ces insultes, on peut consulter la liste de 18 anciens jurons que l’on peut utiliser encore aujourd’hui.
Il faut rajouter « Gueux »
Sous pisse-froid, ce serait pas plutôt nourrisse que nourrice, dans le mot de Flaubert?
Bien vu !
On trouve
« Bougre, bouffon, baudet, badin, coquin, croquant, croqueur d’andouilles, gavache, glorieux gredin, viedaze. »
dans
Paul Scarron (1610-1660), La Mazarinade, 1651 ; réédité en 1867 sous le titre La Pure vérité cachée.
Excellent j’ai toujours aimé ces mots qui ont perdus de leur définition ou même ne sont malheureusement plus repris dans notre vocabulaire. Merci pour ces petites définitions
Sont-elles anciennes au sens vieilles, ou anciennes au sens désuètes ? Non parce qu’à 40 ans, y’en a un paquet que j’utilise, et je trouve que le titre porte à confusion : suis-je ringarde ou trop cultivée ?
Suis-je ringarde ou trop cultivée ?
Ni l’une, ni l’autre. A trente de plus que vous, je les utilise aussi. Mais force est de reconnaître que mon chef d’édition ( je suis journaliste encore en activité … ) qui est trentenaire, est parfois un peu perplexe quand je les emploie …
« Chantons pas la langue des dieux
Pour les balourds, les fesse-mathieux
Les paltoquets, ni les bobèches
Les foutriquets, ni les pimbêches… »
(Brassens – La femme d’Hector)
J’aime bien le » oeuf de pou » dans l Illiade
Canaille, tête de linotte on peut rajouter !
« Tu veux, tu ne veux plus, Angélique, tu es une vraie tête de linotte »
Nicolas dans Angélique, Marquise des Anges
Le Vicomte :
– Maraud ! Faquin ! Butor de pied-plat ridicule !
Cyrano :
– Ah ! Et moi : Cyrano, Savinien, Hercule
De Bergerac.
(Ed. Rostand : Cyrano de Bergerac, Acte I)
On pourrait ajouter (de mémoire) » Ballade du duel qu’en l’hôtel Bourguignon, Monsieur de Bergerac eu avec un béllître » Et qu’est-ce donc que ceci s’il vous plaît ? C’est le titre !
Bonsoir Adrian,
Votre site est extraordinaire, agréable à consulter et bien documenté.
Les insultes anciennes sont un beau thème toutefois vous y faites mention de Georges Sand. Il me semble qu’il y a un « s » de trop.
Bien cordialement.
jlvg
Merci de me l’avoir signalé !
Sagouin, quelle fichtre erreur tu as fait.
De te montrer tes nombreuses erreurs je vais m’empresser.
As tu déjà étudié cette belle langue qu’est le français ?
Te rends tu compte de l’horrible erreur que tu as fait ….
Je ne trouverais pas la force de t’insulter mais j’en ai envie petite tête de pipe, foutriquet !
» L’horrible erreur que tu as faitE »
Georges en français, si l’on est un homme. George, si l’on est une femme. Et George en anglais, si l’on est un homme ( Les rois d’Angleterre en attestent … ) et Georgina, si l’on est une femme.
Gouape, pègreleux, jocrisse, arsouille
Dussé-je vous sembler « cuistre », je me permets de relever une faute de plus en plus fréquente (que vous faites dans la partie « ganache ») : on n’insulte pas quelqu’un « de » quelque chose ! On le traite de. Ou on l’insulte tout court.
Merci.
Je traite volontiers certaines personnes d’embaffrés mondains mais j’ignore l’origine de cette insulte. Pouvez-vous m’en dire plus quant à sa provenance, merci.
Moi, je dis empafés. Je crois que c’est à l origine une insulte d’Occitanie
je dis » Espèce d’empafé « . Pour mon travail j’étais souvent sur la route et là il y en a beaucoup. Je faisais probablement parti du lot parfois. J’ai toujours pensé qu’un empafé était quelqu’un qui était rentré dans un mur … à pied. Paf dans le mur.
À propos d’OLYBRIUS : «On connait bien l’expression »Olybrius » qui vise aujourd’hui à désigner des personnages se distinguant par des comportements tout particulièrement excentriques voire sots. Mais peu de gens savent qui était vraiment l’Olybrius »historique », personnage ballotté au gré des intrigues politiques de la Rome décadante : longtemps otage à la cour du vandale Genséric (en 465-462) et très bref empereur de Rome – pendant à peine un trimestre – dans les mains du suève Ricimer (en 472).
Olybrius : Il s’agissait là d’un aristocrate romain d’extraction sénatoriale devenu gendre de l’empereur Valentinien III par son mariage avec la princesse Galla Placidia, envisagé pour le trône impérial dès 465 (finalement, c’est l’obscur Anthémius qui lui fut alors préféré…), finalement devenu empereur romain à son tour (et ayant régné quelques mois, du 11 juillet au 23 octobre 472) à la fin de l’Empire romain d’Occident (lequel se termine en 476). Et juste noter qu’il s’écoulera près de quatre mois avant qu’on ne lui trouve un successeur : l’obscur Glycérius.»
Source : Centerblog.