DĂ©finition
Lâironie (du grec eirĂŽneia, ΔጰÏÏÎœÎ”ÎŻÎ± « interroger en feignant lâignorance » ou « feinte dans la maniĂšre dâagir ») a plusieurs sens, mais dĂ©signe dans la langue de tous les jours le fait de dire le contraire de ce que lâon veut faire comprendre, tout en faisant comprendre Ă son auditoire que lâon dit le contraire de ce que lâon pense. Lâironie nâest pas de lâhypocrisie : on ne cache pas sa pensĂ©e, on lâexprime par une voie dĂ©tournĂ©e pour lui donner plus de force. On fait souvent comprendre que lâon est ironique par un sourire, par un regard malicieux ou par un ton sarcastique ou railleur. Ainsi, si je vois un tableau trĂšs laid, et que je dis « elle est superbe, cette Ćuvre » Ă un compagnon qui le regarde avec le mĂȘme dĂ©pit, je fais lĂ de lâironie. Cela me permet dâamuser mon compagnon, de donner plus de force Ă ma moquerie, de teinter de badinerie une visite dĂ©cevante, etc. Lâironie peut aussi servir Ă soulager son cĆur par lâhumour. Si lâon est payĂ© une somme dĂ©risoire pour un travail, demander Ă ses collĂšgues « que va-t-on faire de telles sommes ? » peut ĂȘtre une façon de plaisanter face devant la duretĂ© du sort. Le sarcasme est une forme dâironie.
Formes
Ironie et antiphrase
Lâironie produit ce que lâon nomme des antiphrases. Une antiphrase est une figure de style qui se caractĂ©rise par le fait dâĂ©crire le contraire de ce que lâon pense. Lâironie est le concept, la notion, lâantiphrase est la figure de rhĂ©torique. Voltaire (1694 â 1778) incarne, en France, lâattitude ironique face Ă la vie, et surtout face aux pouvoirs tutĂ©laires, politique et religieux, afin de mieux les critiquer. On imagine volontiers Voltaire avec un sourire, symbole de son ironie. La litote et lâhyperbole peuvent aussi permettre dâironiser.
En philosophie
En philosophie, la notion dâironie est associĂ©e Ă Socrate (470 â 399 av. J.-C.). Elle renvoie Ă lâattitude volontiers lĂ©gĂšre de Socrate dans les dialogues de Platon, qui nâhĂ©site pas Ă feindre lâignorance et la naĂŻvetĂ© (« ce que je sais, câest que je ne sais rien ») afin de pousser son interlocuteur Ă dĂ©voiler ses opinions, afin dâattaquer ensuite cette opinion et ses erreurs pour avancer vers le dĂ©voilement de la vĂ©ritĂ©. Lâironie est alors un instrument qui sert Ă dĂ©chirer le voile des fausses rĂ©alitĂ©s.
Ironie du sort
Lâironie du sort dĂ©signe dĂ©signe un malheur ou un dĂ©sagrĂ©ment qui semble ĂȘtre survenu par une volontĂ© qui sembler sâacharner contre soi, comme si un malin gĂ©nie se raillait de nous. On dit usuellement que lâon « goĂ»te Ă lâironie » dâune situation oĂč le hasard a bien fait les choses au dĂ©triment de quelquâun que lâon nâaime pas.
Ironie dramatique
Lâironie dramatique consiste Ă accentuer la tension dans lâesprit dâun spectateur ou dâun lecteur en lui donnant une information dont un ou des personnages ne disposent pas, et qui peuvent courir Ă leur perte Ă cause de cette ignorance.
Le point
Un point dâironie, « âžź », a Ă©tĂ© promu par lâĂ©crivain Alcanter de Brahm (1868 â 1942) pour indiquer aux lecteurs quels passages sont ironiques, mais il nâest presque jamais employĂ©. Sur les rĂ©seaux sociaux, lâironie nâest souvent pas comprise par les individus.
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