Ce article vous présente 14 mots du vocabulaire de la poésie afin de vous aider à mieux comprendre vos lectures.
La prosodie
Lâensemble des rĂšgles de versification dâune langue (comme la rĂšgle des e muets).
LâallitĂ©ration et lâassonance
- En gĂ©nĂ©ral, on parle dâallitĂ©ration pour la rĂ©pĂ©tition dâune consonne, et dâassonance pour la rĂ©pĂ©tition dâune voyelle.
- AllitĂ©ration : « Tamtam sculptĂ©, tamtam tendu qui gronde » (Leopold Sedar Senghor, Femme noire). Ici, lâauteur rĂ©pĂšte le son « t », assimilable au bruit du tamtam.
- Assonance : « Tout mâafflige et me nuit et conspire Ă me nuire. » (Racine, PhĂšdre, I, 3)
Un acrostiche
- Un acrostiche est un jeu littéraire qui à consiste à écrire un poÚme dont on peut lire un mot formé par les initiales des vers
- Exemple : les initiales du premier mot de chacun des vers de la
strophe suivante forment le mot JULIE.
« Je ne saurais nommer celle qui sait me plaire
Un fat pour se vanter, un amant doit se taire
La pudeur quâalarmait lâimpĂ©tueux dĂ©sir
Inventa sagement le voile du mystĂšre
Et lâamour Ă©tonnĂ© connut le vrai plaisir » (Apollinaire, La Guirlande de Julie)
La qualité des rimes
- Les rimes peuvent ĂȘtre classĂ©es en fonction de leur
qualité ou de
leur richesse. La qualité ou la richesse de
la rime désigne le nombre de sons répétés.
- Rimes pauvres (un seul phonĂšme en commun) : « Feuilles de jour et mousse de rosĂ©e, / Roseaux du vent, sourires parfumĂ©s, » (Ăluard, La courbe des tes yeux)
- Rimes suffisantes (deux phonĂšmes en commun) : « Il Ă©tait, quoique riche, Ă la justice enclin ; / Il nâavait pas de fange en lâeau de son moulin ; » (Hugo, Booz endormi)
- Rimes riches (trois phonÚmes en commun ou plus) : « Plus mon Loire gaulois, que le Tibre latin, / Plus mon petit Liré, que le mont Palatin, » (Du Bellay, Heureux qui comme Ulysse)
Un sonnet
- PoÚme de quatorze vers, composé de deux quatrains (deux strophes de quatre vers) et de deux tercets (deux strophes de trois vers). Les rimes des premiers quatrains sont embrassées, les deux premiÚres rimes du premier tercet sont suivies, tandis que les quatre derniÚres sont soit embrassées (un sonnet italien) soit croisées (un sonnet français).
- Exemple de sonnet français (les quatre derniÚres rimes sont
croisées)
« HÎte pour quelques jours de votre beau domaine,
Voyant le gai soleil qui dore le matin
Et perce dâun rayon les feuilles de satin,
Je descends dans le parc et tout seul mây promĂšne.On pense aller bien loin, mais tout sentier ramĂšne,
Quand il vous a montré le village lointain,
à travers prés et bois, par un contour certain,
Au portique oĂč CĂ©sar a mis lâaigle romaine,Ă la blanche villa, votre temple dâĂ©tĂ©,
OĂč, lasse du fardeau de la divinitĂ©,
Vous daignez nâĂȘtre plus que la bonne princesse ;Ainsi fait mon esprit, trompĂ© dans ses dĂ©tours :
Il croit poursuivre un rĂȘve interrompu sans cesse,
Et devant votre image il se trouve toujours ! » (Gautier, Mille chemins, un seul but)
Un calligramme
- Un poĂšme dont les vers sont disposĂ©s de telle maniĂšre quâils forment un dessin.
![](https://www.laculturegenerale.com/wp-content/uploads/2023/03/Calligramme-238x300.jpg.webp)
Une diérÚse
- Prononciation en deux syllabes distinctes de deux voyelles qui se suivent.
- Exemple : « Que des palais Romains le front audaci-eux » (Du Bellay, Heureux qui comme Ulysse). Il faut bien marquer le fait que lâon prononce « ci » et « eux » en deux syllabes distinctes.
Une synérÚse
- Prononciation de deux voyelles qui se suivent en une seule syllabe.
- Exemple : « Dieu que lâHĂ©bron connait, Dieu que CĂ©dar adore, » (Lamartine, Ă la Grande Chartreuse). Dieu ne compte que pour une seule syllabe Ă chaque fois (pour respecter lâalexandrin)
Un enjambement
- Une phrase commencée dans un vers se prolonge dans le suivant.
- Exemple :
« Un pauvre Bûcheron tout couvert de ramée,
Sous le faix du fagot aussi bien que des ans
Gémissant et courbé marchait à pas pesants,
Et tùchait de gagner sa chaumine enfumée. » (La Fontaine, La Mort et le Bûcheron)
Un rejet
- Un mot ou un groupe de mots se trouve « rejeté » au vers suivant.
- Exemple :
« Un soldat jeune, bouche ouverte, tĂȘte nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est Ă©tendu dans lâherbe, sous la nue, » (Rimbaud, Le Dormeur du val)
Un contre-rejet
- Un vers commence au vers précédent.
- Exemple :
- « Un homme de génie apparaßt. Il est doux,
Il est fort, il est grand ; il est utile à tous ; » (Hugo, Melancholia)
- « Un homme de génie apparaßt. Il est doux,
Les hémistiches
- Chacune des deux moitiĂ©s dâun alexandrin (douze syllabes).
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Exemple : « Le
Prince dâAquitaine Ă la Tour abolie : » (Nerval, El
Desdichado)
- Premier hĂ©mistiche « Le·Prin·ce ·dâA·qui·taine » (6 syllabes)
- Second : « à ·la·Tour·a·bo·lie : » (6 syllabes)
Un distique
- Strophe de deux vers qui forment un sens complet (une unité dans le sens)
- Exemple :
« LĂ , tout nâest quâordre et beautĂ©,
Luxe, calme et voluptĂ©. » (Baudelaire, LâInvitation au voyage)
Clair et précis, rappel bienvenu de ces rÚgles de la poésie. Intéressant aussi, merci
IntĂ©ressant. Jâai publiĂ© aussi quelques recueils. les Ă©crivant, je ne savais les rĂšgles de la poĂ©sie. Je me demande si Arthur Rimbaud dans sa poĂ©sie sans rimes, globale suivaient les rĂšgles.