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14 mots pour comprendre la poĂ©sie 📜

Publié le 22/03/2023 (m.à.j* le 24/05/2024)
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Ce article vous présente 14 mots du vocabulaire de la poésie afin de vous aider à mieux comprendre vos lectures.

La prosodie

L’ensemble des rùgles de versification d’une langue (comme la rùgle des e muets).

L’allitĂ©ration et l’assonance 

  • En gĂ©nĂ©ral, on parle d’allitĂ©ration pour la rĂ©pĂ©tition d’une consonne, et d’assonance pour la rĂ©pĂ©tition d’une voyelle.
  • AllitĂ©ration : « Tamtam sculptĂ©, tamtam tendu qui gronde » (Leopold Sedar Senghor, Femme noire). Ici, l’auteur rĂ©pĂšte le son « t », assimilable au bruit du tamtam.
  • Assonance : « Tout m’afflige et me nuit et conspire Ă  me nuire. » (Racine, PhĂšdre, I, 3)

Un acrostiche 

  • Un acrostiche est un jeu littĂ©raire qui Ă  consiste Ă  Ă©crire un poĂšme dont on peut lire un mot formĂ© par les initiales des vers
  • Exemple : les initiales du premier mot de chacun des vers de la strophe suivante forment le mot JULIE.
    « Je ne saurais nommer celle qui sait me plaire
    Un fat pour se vanter, un amant doit se taire
    La pudeur qu’alarmait l’impĂ©tueux dĂ©sir
    Inventa sagement le voile du mystĂšre
    Et l’amour Ă©tonnĂ© connut le vrai plaisir » (Apollinaire, La Guirlande de Julie)

La qualité des rimes

  • Les rimes peuvent ĂȘtre classĂ©es en fonction de leur qualitĂ© ou de leur richesse. La qualitĂ© ou la richesse de la rime dĂ©signe le nombre de sons rĂ©pĂ©tĂ©s.
    • Rimes pauvres (un seul phonĂšme en commun) : « Feuilles de jour et mousse de rosĂ©e, / Roseaux du vent, sourires parfumĂ©s, » (Éluard, La courbe des tes yeux)
    • Rimes suffisantes (deux phonĂšmes en commun) : « Il Ă©tait, quoique riche, Ă  la justice enclin ; / Il n’avait pas de fange en l’eau de son moulin ; » (Hugo, Booz endormi)
    • Rimes riches (trois phonĂšmes en commun ou plus) : « Plus mon Loire gaulois, que le Tibre latin, / Plus mon petit LirĂ©, que le mont Palatin, » (Du Bellay, Heureux qui comme Ulysse)

Un sonnet

  • PoĂšme de quatorze vers, composĂ© de deux quatrains (deux strophes de quatre vers) et de deux tercets (deux strophes de trois vers). Les rimes des premiers quatrains sont embrassĂ©es, les deux premiĂšres rimes du premier tercet sont suivies, tandis que les quatre derniĂšres sont soit embrassĂ©es (un sonnet italien) soit croisĂ©es (un sonnet français).
  • Exemple de sonnet français (les quatre derniĂšres rimes sont croisĂ©es)
    « HÎte pour quelques jours de votre beau domaine,
    Voyant le gai soleil qui dore le matin
    Et perce d’un rayon les feuilles de satin,
    Je descends dans le parc et tout seul m’y promùne.On pense aller bien loin, mais tout sentier ramùne,
    Quand il vous a montré le village lointain,
    À travers prĂ©s et bois, par un contour certain,
    Au portique oĂč CĂ©sar a mis l’aigle romaine,À la blanche villa, votre temple d’étĂ©,
    OĂč, lasse du fardeau de la divinitĂ©,
    Vous daignez n’ĂȘtre plus que la bonne princesse ;Ainsi fait mon esprit, trompĂ© dans ses dĂ©tours :
    Il croit poursuivre un rĂȘve interrompu sans cesse,
    Et devant votre image il se trouve toujours ! » (Gautier, Mille chemins, un seul but)

Un calligramme

  • Un poĂšme dont les vers sont disposĂ©s de telle maniĂšre qu’ils forment un dessin.
Un caligramme d’Apollinaire | Wikimedia Commons

Une diérÚse

  • Prononciation en deux syllabes distinctes de deux voyelles qui se suivent.
  • Exemple : « Que des palais Romains le front audaci-eux » (Du Bellay, Heureux qui comme Ulysse). Il faut bien marquer le fait que l’on prononce « ci » et « eux » en deux syllabes distinctes.

Une synérÚse

  • Prononciation de deux voyelles qui se suivent en une seule syllabe.
  • Exemple : « Dieu que l’HĂ©bron connait, Dieu que CĂ©dar adore, » (Lamartine, À la Grande Chartreuse). Dieu ne compte que pour une seule syllabe Ă  chaque fois (pour respecter l’alexandrin)

Un enjambement

  • Une phrase commencĂ©e dans un vers se prolonge dans le suivant.
  • Exemple :
    « Un pauvre Bûcheron tout couvert de ramée,
    Sous le faix du fagot aussi bien que des ans
    Gémissant et courbé marchait à pas pesants,
    Et tùchait de gagner sa chaumine enfumée. » (La Fontaine, La Mort et le Bûcheron)

Un rejet

  • Un mot ou un groupe de mots se trouve « rejetĂ© » au vers suivant. 
  • Exemple :
    « Un soldat jeune, bouche ouverte, tĂȘte nue,
    Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
    Dort ; il est Ă©tendu dans l’herbe, sous la nue, » (Rimbaud, Le Dormeur du val)

Un contre-rejet

  • Un vers commence au vers prĂ©cĂ©dent.
  • Exemple :
    • « Un homme de gĂ©nie apparaĂźt. Il est doux,
      Il est fort, il est grand ; il est utile à tous ; » (Hugo, Melancholia)

Les hémistiches

  • Chacune des deux moitiĂ©s d’un alexandrin (douze syllabes).
  • Exemple : « Le Prince d’Aquitaine Ă  la Tour abolie : » (Nerval, El Desdichado)
    • Premier hĂ©mistiche « Le·Prin·ce ·d’A·qui·taine » (6 syllabes)
    • Second : « à·la·Tour·a·bo·lie : » (6 syllabes)

Un distique

  • Strophe de deux vers qui forment un sens complet (une unitĂ© dans le sens)
  • Exemple :
    « LĂ , tout n’est qu’ordre et beautĂ©,
    Luxe, calme et voluptĂ©. » (Baudelaire, L’Invitation au voyage)