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Pourquoi dit-on un « demi de bière » ?

Publié le 22/05/2020
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La réponse

Le demi de bière en France correspond à un quart de litre environ, 25 centilitres, pas à un demi-litre, qui correspond plutôt à la pinte. Selon un document de la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes (DGCCRF) daté de janvier 2020, cette appellation paradoxale serait un héritage du demi-setier parisien, le setier étant une ancienne unité de mesure, aujourd’hui obsolète. Le document ne dit rien de la provenance de cette information, mais le Littré (XIXe) écrit que : « Demi-setier, se dit à Paris d’un quart de litre. »

La 8e édition du dictionnaire de l’Académie (1935) note aussi : « On dit aujourd’hui, populairement : Un demi-setier, Un quart de litre de vin. »

On le trouve par exemple chez Paul de Cock (1793 – 1871) :

– Salut, la compagnie… Marie, apporte-moi un demi-setier de piqueton [vin]…j’ai le gosier sec comme not’four.

[…]

– Pardi ! il ne faut pas tant de simagrées pour me servir un demi-setier ; tu mettras ton couvert après !

Un tourlourou

On trouve même l’unité de mesure appliquée à la bière dans un pamphlet de Barnave (1761 – 1793) : « […] on a même promis aux soldats à chacun un demi-setier de bière brune pour les encourager. »

 

Le demi de bière à la place du bock

Demi-setier ou non, le terme « demi » concurrence et remplace, à partir de la fin du XIXe siècle, le bock d’origine bavaroise, dont le sens se déplace de « verre de bière contenant environ un quart de litre » à « petit verre de bière » (par rapport au demi). On commence à lire des « demis de bière » dans la presse à la fin du XIXe siècle :

Si nous faisions un peu de politique…pour nous rafraîchir.
Le moyen serrait héroïque, j’en conviens. Mais il vaudrait bien, ce me semble, l’ingurgitation d’un demi de bière allemande.

L’Indépendant rémois du 11 septembre 1886, Lettres parisiennes

Un bourgeois de mon côté se délectant d’un demi de bière, cligne de l’œil, se penche vers moi […]

Le Parisien du 15 avril 1891

Et dans la littérature : « Les demis de bière, on les appelle des gendarmes » (Renard, Journal)

Il paraît improbable que demi soit un dérivé du régionalisme normand « demiard », parce qu’il est lui-même dérivé de demi. 

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