Définition
La procrastination désigne la tendance commune chez l’être humain à remettre au lendemain l’exécution d’une tâche, tout en sachant que cet ajournement aura des conséquences négatives. On remet inutilement à plus tard l’accomplissement de quelque chose qui serait pourtant bénéfique, on a pris l’habitude d’ajourner ce qui est pénible à faire. On donne la priorité à ce que nous dicte l’humeur du moment au détriment de nos objectifs à long terme.
Étymologie
Procrastination est emprunté par le français au XVIe siècle au latin procrastinatio, « ajournement, remise, délai » (pro, « devant », et crastinus, « de demain », cras, « demain », la seule trace en français de ce latin), mais n’entre vraiment en usage qu’au XIXe siècle, sous l’influence de l’anglais où il était courant. On trouve ce terme chez Proust par exemple, qui ne semblait d’ailleurs pas l’aimer beaucoup ( « peut-être cette habitude vieille de tant d’années, de l’ajournement perpétuel, de ce que M. de Charlus flétrissait sous le nom de procrastination, était-elle devenue si générale en moi qu’elle s’emparait aussi de mes soupçons jaloux… »). Le terme est aujourd’hui très populaire, notamment sur internet, mais il a plusieurs connotations.
Descriptions
D’une part, la procrastination est un terme souvent employé pour plaisanter en se moquant de sa propre incapacité à exécuter une tâche au moment présent, à tourner en dérision son absence de volonté, sa paralysie, sa torpeur, sans que le mot ait une connotation négative comme « paresse », « fainéantise », « flemme », etc. On a formé sur procrastination le verbe « procrastiner », remettre au lendemain ou à plus tard ce que l’on pourrait faire tout de suite. La propension à procrastiner est parfois revendiquée, notamment pour ses vertus : reconnaître sa faiblesse, savoir se reposer, savoir s’ennuyer afin de développer sa créativité, etc. La plupart des gens procrastinent, à l’exception de certains caractères qui n’aiment pas remettre à plus tard ce qui doit être fait hic et nunc. On parle parfois de « procrastineur » ou de « procrastineuse ».
D’autre part, la procrastination est parfois considérée comme une pathologie, une affection incontrôlable qui peut être à l’origine d’un mal-être. De ce point vue, elle désigne l’état de paralysie dans lequel se trouvent certains individus, le sentiment d’être « bloqué » soit parce qu’ils ne parviennent pas à se soustraire aux divertissements qui les détournent de l’exécution de ce qu’ils estiment devoir faire, soit parce qu’ils manquent de motivation (quand l’objectif et la récompense paraissent moins grand que la tâche pénible), de confiance en eux, qu’ils craignent l’échec ou la pénibilité d’une tâche. En même temps, le fait de procrastiner accroît lui-même ces effets nocifs, et fait naître des sentiments de culpabilité et de honte, voire du stress. La procrastination peut avoir des causes neurologiques.
La procrastination se manifeste dans les situations d’anomie, lorsque l’individu a le sentiment de devoir effectuer une tâche (« payer ses factures ») ou de s’engager dans une entreprise plus longue (« se mettre enfin au sport ») sans qu’un cadre social rigide ne le contraigne à se mettre à exécution. Dans ces situations, l’aversion à la pénibilité de la tâche est parfois insurmontable, si bien que l’individu se tourne, en attendant, vers une activité qui lui procure un soulagement, soit du divertissement (« je travaille après un dernier épisode de la série »), soit des tâches vues comme moins pénibles (« je vais d’abord faire du ménage, et ranger mes dossiers et, après, on verra »). Nombre de personnes, par exemple, lorsqu’ils se voient assigner une tâche, attendent le dernier moment avant de l’exécuter : la pression induite par la proximité de la date butoir permet de surmonter la procrastination.
Se débarrasser de la procrastination
Ce mal est la cible de nombreuses méthodes de développement personnel qui promettent de s’en débarrasser. Internet regorge de sites internet proposant des séries de techniques visant à contrer la procrastination, ceux des universités notamment qui veulent aider les étudiants à mieux gérer leur travail personnel et la préparation de leurs examens. Les techniques les plus couramment proposées consistent d’abord à se questionner sur les sources de procrastination : pourquoi s’atteler à faire ce qui est pénible de faire provoque-t-il chez moi des sentiments si négatifs ? Elles peuvent proposer ensuite soit :
- de couper toutes les sources divertissement (téléphone, s’interdire l’accès à des sites de vidéos, s’interdire de jouer à des jeux vidéos) ;
- de découper l’exécution d’une tâche en petites étapes, l’accomplissement de chacune d’entre-elle devant procurer une gratification suffisante pour entreprendre l’accomplissement de la suivante ;
- de ne pas se fixer d’objectifs trop ambitieux que l’on ne peut pas atteindre raisonnablement ;
- de se fixer une date butoir pour l’exécution d’une petite tâche ou, conseil contraire, de ne pas planifier du tout ;
- de demander de l’encouragement et du soutien à ses proches ;
- de se fixer des routines de travail qui se transformeront en habitudes ;
Le contraire de procrastination
Il n’y a pas vraiment d’antonyme à procrastination. On peut dire d’une personne que c’est un fonceur, on peut parfois qualifier des gens de « machine ». On trouve parfois « precrastination », terme qui désignerait l’affection inverse de la procrastination : s’atteler à la tâche dès qu’elle se présente à vous.
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